L’Europe nous fait des misères. Doit-on s’en offusquer ? Aucunement. Ce que nous croyons acquis dans les relations commerciales, n’est en réalité qu’une situation à l’apparence pérenne et durable qui risque de changer, de disparaître à tout moment. Rappelons-nous quand de grandes entreprises étrangères avaient, au début des années 2000, décidé de fermer boutique au Maroc. Avant cette date, elles étaient présentées comme la preuve d’une excellente politique de promotion et d’accueil d’investissement à forte création d’emplois. Ce qui était vrai peut-être. Sauf que la vérité, commerciale surtout, mue dans le temps et change de cap et de teneur en fonction des conjonctures, des pressions et des intérêts financiers et sociaux de son espace territorial.
Que peut faire le Maroc dans ce cas ? Certains seraient tentés de dire que le royaume n’est que la victime de ces changements. Mais encore ! D’autres, la rage au ventre, taperont sur le manque de vision des politiques. Et ils auront raison.
L’histoire des civilisations antiques nous enseigne que la géostratégie se jouait autour de trois ingrédients : la force militaire, la maîtrise des structures institutionnelles internes et enfin la performance économique et commerciale. Cette dernière donnait les moyens aux deux autres piliers et, de ce fait, chaque civilisation peaufinait sa veille stratégique pour anticiper les changements et en tirer le meilleur profit. Le Maroc, dans le monde moderne, n’arrive pas encore à le faire. La décision de l’Union européenne, chamboulant l’ordre établi dans le commerce des produits agricoles, n’est pas née du jour au lendemain. Et toute cette question qui se pose avec force : étions-nous au fait de ce changement et qu’avons-nous fait pour ne pas perdre le nord ? La réponse, vous la connaissez déjà.