Ou le ministre de l’Industrie a une baguette magique, ou il nous mène en bateau. Le show mis de côté, les chiffres annoncés lors de la présentation de la nouvelle stratégie industrielle laissent perplexe. Prenons les objectifs en termes d’emploi : Elalamy promet 500 000 emplois additionnels d’ici 2020, soit dans six ans. Faisons un simple calcul : le ministre table sur environ 80 000 emplois chaque année dans l’industrie, soit l’équivalent de ce que crée, annuellement, l’économie marocaine, toutes branches réunies.
Mettons les points sur les i : le plan d’Elalamy est, malheureusement déconnecté de la réalité. La création d’une telle masse d’emplois nécessite plus qu’un plan de bonnes intentions. C’est l’installation chaque année de dix usines de production de la taille de Renault. Pour l’aéronautique, à titre d’exemple, les professionnels tablent sur la création de 10 000 emplois additionnels d’ici 2020. C’est tout ce que la filière peut faire. En excluant l’offshoring (qui n’est pas industrie), il reste peut-être le textile, gros demandeur de petites mains. Encore faut-il définir pour qui tournera-t-il : pour les Marocains ou pour l’export ? L’une des deux options est étroitement liée à l’autre : question de savoir-faire et de qualité de l’amont à l’aval.
Loin de toute spéculation hasardeuse, la création massive d’emplois passe par l’encouragement de la PME et la TPE. Le plan d’Elalamy en parle en citant les pauvres mesures fiscales de la Loi de Finances 2014 et en priant les banques de changer de sentiments. Le plan ne contient aucune mesure concrète à ce sujet. Quant à l’écosystème cher à Monsieur le ministre, il exige de gros changements… d’hommes, de mentalités et, surtout, de gouvernance !