Hammad Kassal, premier candidat déclaré à la présidence de la CGEM présente son programme

Premier à se déclarer officiellement pour la succession de Miriem Bensalah à la tête de la CGEM, Hammad Kassal dévoile en exclusivité son programme à Telquel.ma.

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« Je suis un homme libre, je n’appartiens à aucun réseau, ni clan, ni parti politique. Mon parti est l’entreprise« . Hammad Kassal plante d’emblée le décor dans son programme d’élection à la présidence de la CGEM que nous vous dévoilons en exclusivité.

Un projet axé sur la compétitivité des entreprises, « l’émancipation politique » et sur le développement régional du patronat. Toutefois, le volet social paraît léger, et plusieurs chantiers évoqués s’inscrivent dans la continuité de ceux lancés par Miriem Bensalah, avec une rhétorique différente.

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« Nous avons moins de 50 entreprises qui sont exportatrices régulières alors que nous avons 17.000 importateurs. De surcroît, 75% de nos produits exportés ne contiennent aucun savoir-faire spécifique. Le Maroc est devenu un grand supermarché où tous les pays avec lesquels nous avons signé des accords de libre-échange inondent notre marché par leurs produits« , explique l’industriel. 

« C’est très important d’être unis entre petites et grandes industries. Etre président de la CGEM, ce n’est pas qu’une question de programme économique. C’est surtout une question de style« , peut-on lire dans le programme du candidat à la présidence de la confédération patronale.

Personnage haut en couleur, le natif de Taza est un self-made-man ayant bâti sa réputation à la force du poignet. Parti de rien, il est aujourd’hui à la tête de Pistacherie Rayane. « Je ne suis ni héritier ni rentier. J’ai trouvé dans l’entrepreneuriat un terrain d’épanouissement, et c’est grâce à l’entreprise que j’ai gravis tous les échelons de la CGEM« , poursuit-il.

C’est une mentalité « audacieuse » que Hammad Kassal souhaite insuffler au patronat. « Notre pays a besoin d’une révolution mentale. Il faut passer d’une économie de notables à une économie d’entrepreneurs« , insiste-t-il.

Membre fondateur de la Fédération de la PME/PMI en 1995, il en a été président entre 2003 et 2006 avant d’enchaîner sur une vice-présidence de la CGEM sous l’ère Moulay Hafid Elalamy (2006-2009). « Je peux annoncer sans complexe que je suis un des rares patrons qui connaissent en profondeur les arcanes de l’instance patronale« , met-il en avant.

Hammad Kassal se pose donc en candidat anti-establishment. « Je veux une CGEM qui défende enfin les TPE, les PME et qui place les jeunes, les start-ups et les entrepreneurs au cœur de sa mission« . Pour y arriver, il propose, entre autres, l’insertion d’anciens détenus ayant bénéficié d’une formation au sein de leur établissement pénitentiaire, celle de personnes aux besoins spécifiques ainsi qu’une simplification du cadre législatif…

Sur les 3.700 TPME qui ont fait faillite en 2017, l’industriel invoque des causes en partie liées à un accompagnement structuré inexistant dès le démarrage. « La CGEM doit s’occuper de cette catégorie d’entreprises qui sont créatrices d’emplois« , explique-t-il.

Selon le candidat, le coût de la faillite, souvent lourd pour les dirigeants, doit être allégé afin d’aider les chefs d’entreprises à se relancer dans un nouveau projet.

Émancipation politique, regain de compétitivité et financement des start-ups

Le volet social est assez succinct dans le programme de l’entrepreneur de la pistache. Il tient en à peine quelques lignes. Hammad Kassal y exprime son souhait de « favoriser le dialogue social, le recours à  la loi devant rester une exception« . Il estime également que « la CGEM et ses partenaires sociaux doivent aussi réfléchir ensemble à une fixation du SMIG par région. Le coût de la vie n’étant pas le même à Casablanca ou à Tadla« .

Le chef d’entreprise tient également à séparer business et politique. « La CGEM doit être apolitique. Il en va de même des entreprises. Elles doivent cesser d’être l’objet de discussions politique et devenir réellement un objectif partagé et incontestable« .

L’actuel président de la fédération de la PME au sein de la CGEM souhaite  également se pencher sur les facteurs coûts qui plombent la compétitivité des entreprises marocaines, selon lui. « Coûts de la sur-réglementation, des transactions… il faut que sur tous ces sujets, nous puissions élaborer une ligne de conduite commune largement partagée avec tous les partenaires. Un pacte pour la productivité est nécessaire entre le patronat, les syndicats et l’administration pour sortir notre économie de sa spirale infernale de sous-compétitivité« , étaye-t-il.

Le regain de compétitivité passerait notamment par la simplification du cadre législatif, selon le candidat . « Toutes  les lois devraient intégrer les dimensions de productivité, d’emplois et de compétitivité« , argumente-t-il.

« La complexité administrative et réglementaire ressentie par les entreprises est réelle et pèse sur la capacité de notre économie à innover, à être compétitive et à créer des emplois. Dans un contexte économique de plus en plus concurrentiel, la simplification devient un outil de politique économique et sociale au service des acteurs économiques », poursuit Hammad Kassal.

Le financement des start-ups et des TPE victimes des délais de paiement à rallonge inquiète le candidat.  « Pour 40% des jeunes de moins de 25 ans qui ne sont ni à l’école ni au travail, la création de petites entreprises dans le secteur du formel est la seule chance de s’en sortir. La CGEM  doit travailler, avec ses partenaires du marché afin de trouver des outils concrets destinés à cette catégorie d’entreprises« , souligne le self-made-man, sans donner plus de précisions sur les mesures concrètes à entreprendre.

« Business Afrika »

Hammad Kassal arrive avec quelques nouveautés. Le challenger compte créer un CGEM business Family Center. Cette entité serait dédiée à l’accompagnement des entreprises en difficultés à travers une cellule de crise composée de conseillers juridiques et financiers. L’industriel a aussi pour ambition de fédérer le patronat africain au sein d’un nouveau « Business Afrika », qu’il souhaite créer.

Mais il n’y a pas que le volet africain que Kassal souhaite continuer à développer. Le candidat préconise, en parallèle, de renforcer la présence et la capacité d’action de la CGEM au niveau des centres de décisions internationaux tels que Bruxelles, Washington ou Pekin. « Pour y parvenir, nous comptons nous rapprocher du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération  pour aider à développer une vraie politique étrangère économique« , continue-t-il.

Le business man souhaite au passage renforcer le rôle des antennes régionales de la CGEM, lui qui a besoin de recueillir les signatures de cent membres avec un minimum de 30% en région pour que sa candidature soit validée.

Il compte notamment soutenir la capacité mobilisatrice des antennes régionales de l’instance patronale  « à travers le recrutement d’adhérents et le renforcement des capacités financières des CGEM régions« , peut-on lire dans son programme délivré en exclusivité a Telquel.

« La CGEM doit renforcer son rôle de formation et d’accompagnement des chefs d’entreprises  au niveau des régions et des zones les plus éloignées, notamment en matière d’innovation, d’organisation et de disponibilité de compétences« , conclut-il.

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