A Washington, Nasser Bourita fait la promotion de la lutte antiterroriste au Maroc

La présence à Washington du ministre délégué aux Affaires étrangères, à moins d’un mois de l’examen du mandat de la Minurso par le Conseil de sécurité de l’ONU, est le premier contact officiel entre les diplomaties marocaine et américaine depuis l'investiture de Donald Trump.

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Depuis le 22 mars, le ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, est à Washington pour participer à la réunion ministérielle de la coalition internationale contre Daech. Le diplomate a profité de son passage aux États-Unis pour mettre en avant la lutte que mène le Maroc contre le terrorisme. Selon le ministre délégué aux Affaires étrangères, cité par l’agence de presse MAP, le royaume a adopté « une approche multidimensionnelle » articulée autour de « volets préventifs et répressifs« .

Action marocaine

En ce qui concerne l’aspect préventif de la lutte contre le terrorisme, Bourita a déclaré que le royaume veillait à « la promotion du développement socioéconomique«  et au « renforcement de l’État de droit« . Dans le domaine de la répression du terrorisme, le ministre a indiqué que celle-ci passait « par la mise à niveau du cadre juridique ».

En janvier 2015, le parlement adoptait une nouvelle loi antiterroriste prévoyant des peines privatives de liberté et des amendes durcies pour toute personne ayant suivi un entraînement au sein d’une organisation terroriste ou ayant fait l’apologie du terrorisme. En vertu de cette nouvelle loi, toute personne présumée terroriste se verra retirer son passeport. Le texte pénalise également le fait de rejoindre un groupe terroriste, même si ses activités ne visent pas le Maroc et ses intérêts.

Le ministre a également tenu à relever « l’action efficace des services de sécurités marocains« . Lors d’une intervention au mois de février, Mohamed Moufakir, directeur général de la coopération internationale au ministère de l’Intérieur, déclarait que les services de sécurité du royaume avaient démantelé 168 cellules terroristes depuis les attentats du 11 septembre. 50 d’entre elles étaient en relation avec des foyers de tension comme l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, la Syrie et le Sahel. En près de 16 ans, 2.963 personnes ont été arrêtées pour terrorisme. 509 d’entre elles ont été arrêtées entre 2015 et 2016.

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Lors de son intervention, Nasser Bourita s’est également félicité des « progrès importants » réalisés par la coalition internationale, « puisque le contrôle par Daech des territoires syriens et irakiens a substantiellement diminué de 60 et 40% respectivement« . Le ministre a néanmoins indiqué que « beaucoup reste à faire au niveau de l’idéologie qui continue d’attirer un grand nombre de personnes de plusieurs pays, et aussi en termes d’action en dehors de la Syrie et de l’Irak« .

Une réunion de « premières »

Cette réunion ministérielle de la coalition internationale contre Daech est la première organisée depuis l’investiture de Donald Trump à la tête des États-Unis. On rappelle que la coalition avait été créée durant le mandat de Barack Obama et regroupe actuellement 68 pays. Le royaume a notamment participé à la lutte contre Daech à travers l’envoi de F-16 dont la mission était de mener des opérations contre les bases de l’organisation terroriste, mais également à travers l’échange de renseignements avec les membres de la coalition internationale.

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Cette réunion de la coalition internationale, qui durera jusqu’au 23 mars, est également le premier contact entre la diplomatie marocaine et son homologue américaine depuis la nomination de Rex Tillerson à la tête du département d’État américain. Depuis, le mois de janvier, et le départ de Dwight Bush, la diplomatie américaine n’a plus d’ambassadeur au Maroc. En janvier, nos confrères du le360.ma, citant « une source au sein de la chancellerie US de Rabat« , affirmaient que le nom du successeur de Bush ne serait connu qu’au mois de mai.

La participation marocaine à la réunion de Washington a lieu à moins d’un mois de l’examen du mandat de la Mission des Nations unies au Sahara (Minurso) par le Conseil de sécurité de l’ONU. La présidence de l’instance onusienne sera assurée, durant le mois d’avril, par la cheffe de la délégation américaine auprès de l’ONU, Nikki Haley. Durant cette période, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, présentera son rapport sur la Minurso au Conseil de sécurité. Ledit rapport fera ensuite l’objet de discussions au cours desquelles un groupe de six pays appelé le Groupe des amis du Sahara et composé de l’Espagne, de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie s’attèlera à l’écriture de la résolution concernant le mandat de la Minurso. La rédaction du texte revient aux États-Unis qui sont le pen holder [porteur de stylo en français] de ce groupe.

Il arrive parfois que le Groupe des amis du Sahara tente de faire adopter des résolutions contraires à la volonté marocaine. C’était notamment le cas en 2013 lorsque Washington, à travers son ambassadrice à l’ONU Susan Rice, avait tenté d’inclure une mission de surveillance des droits de l’Homme au mandat de la Minurso. Notons que la résolution rédigée par les Amis du Sahara fait rarement l’objet de modifications au Conseil de sécurité.

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