Un athlète français accuse ses homologues marocains de dopage

Un athlète français a mis le feu aux poudres en évoquant le dopage dans son sport. Ce dernier a notamment désigné un centre de préparation à Ifrane comme une plaque tournante du dopage.

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L'athlète Yoann Kowal, auteur de déclarations chocs sur le dopage - Crédit AFP

Interrogé par le quotidien l’Equipe le 17 août, l’athlète français Yoann Kowal est revenu sur le dopage dans son milieu, et a cité plusieurs centres considérés comme des « plaques tournantes du dopage ». Le centre d’Ifrane en fait, selon lui, partie.

En évoquant le médaillé d’or de sa discipline, le 3000 m steeple, le Kenyan Ezekiel Kemboi, Kowal a d’abord douté de la propreté de ce dernier : « C’est le mec le plus irrégulier de la planète au niveau du steeple. Il fait des saisons en demi-teinte. À Rome, je le dépasse, il n’avait aucun finish pour me relancer ; ce mercredi il fait une médaille olympique. »

Lancé sur le sujet du dopage, Kowal s’est montré plus précis sur les doutes qu’il exprimait concernant la propreté de son milieu professionnel : « Il y a du dopage partout (…) À un moment je ne voulais pas travailler à lfrane parce que c’était la plaque tournante du dopage en stage. On m’a dit “ Regarde à Font-Romeu, combien d’athlètes français ou étrangers ont été interpellés là-bas’’. Et pourtant c’est mon camp de base, ma deuxième maison. C’est aussi une plaque tournante du dopage. »

Aziz Daouda, directeur technique de la Confédération africaine d’athlétisme a, de son côté, réagi via son compte Twitter :

Ce n’est pas la première fois que le Maroc se retrouve sous le feu des projecteurs en matière de dopage. Il y a quatre ans, lors des JO de Londres, Aziz Ouhadi, qui devait courir sur 100 et 2000 mètres, avait refusé de se soumettre à un contrôle. Ce qui avait eu pour conséquence de jeter de nombreuses suspicions sur les athlètes marocains. Quant à la coureuse Meriem Selsouli, qui venait de purger une interdiction de deux ans pour dopage, ses analyses d’urine avaient révélé des traces de Furosémide, un médicament pour traiter l’hypertension artérielle et qui figure sur la liste des produits interdits. « C’est une catastrophe pour le Maroc », avait déclaré à cette époque le ministre de la Jeunesse et des sports Mohamed Ouzine, à l’AFP. Et d’ajouter : « Si cela est vrai, c’est inadmissible et inacceptable. Cela tombe très mal alors que nous menons une campagne pour la propreté du sport ».

Questionné par le quotidien L‘Economiste  en mars, Aziz Daouda a relativisé l’ampleur du phénomène : « Le Maroc et la Fédération ont toujours été fermes sur cette question. La preuve: tous les cas contrôlés positifs ont été sévèrement sanctionnés ». Et d’expliquer  : « 50 suspensions en 10 ans, c’est très peu par rapport au nombre d’années et en comparaison avec d’autres pays ». Pour ce dernier, le Maroc est souvent cité dans le dopage, car « même lorsqu’ils évoluent dans d’autres clubs à l’étranger, les athlètes suspects sont associés à leur pays d’origine, jamais au club ni au pays d’accueil. Or, la majorité des cas signalés évoluent en Espagne et en Italie. »

Pour autant, trois mois seulement avant le début des Jeux olympiques de Rio, six personnes ont été interpellées lors d’une vaste enquête et un réseau de dopage a été démantelé au Maroc. Le porte-parole de Fédération royale marocaine de l’athlétisme (FRMA), Mohammed Nouri avait indiqué que l’enquête avait été lancée en 2007, puis rouverte en 2013 pour être reprise cette année encore. L’athlétisme marocain traîne dès lors une réputation entachée. À tel point qu’un projet de loi instaurant des sanctions, notamment pénales, contre les sportifs qui se dopent et leurs complices, a été mis en place début août 2016. Une agence dédiée au contrôle et à la prévention devrait être créée.

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