Entreprises publiques : L'analyse accablante de Driss Jettou

Lors de son passage au parlement, le 4 mai, Driss Jettou le premier président de la Cour des comptes, a présenté un scan plutôt inquiétant de la situation du secteur public.

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Driss Jettou, premier président de la cour des comptes, au parlement pour présenter son rapport annuel (2016). Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Rien ne va pas plus —ou presque— pour les établissements et entreprises publiques. Cette fois-ci, c’est Driss Jettou, premier président de la Cour des comptes qui le confirme. Lors de son passage au Parlement, le 4 mai, il a livré une analyse plutôt inquiétante de ce secteur. La Cour des comptes a d’ailleurs élaboré dernièrement une évaluation de ce secteur dont «le rapport final sera publié dans les quelques prochaines semaines», promet Jettou.

En attendant, le premier président de la Cour des comptes livre quelques données. Ce secteur regroupe 212 établissements, 44 entreprises publiques et 422 filières et participations publiques. La plupart des indicateurs affichent une tendance haussière, comme le prouve l’investissement global qui a atteint en 2015,  76,5 milliards de dirhams. Le chiffre d’affaires est ressorti, de son côté en 2014 à 198 milliards de dirhams. Ces établissements et entreprises publiques ont réalisé à fin 2014 une valeur ajoutée de 72,7 milliards de dirhams et un autofinancement de 42,2 milliards.

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Il ressort des conclusions de la Cour des comptes la forte dépendance de ces institutions au budget de l’État. «Le transfert des recettes financières de l’État aux entreprises publiques a atteint en 2014 plus de 34 milliards de dirhams. À l’inverse, les transferts de ce secteur à l’État n’ont pas dépassé les 9,8 milliards de dirhams, dont peu de sociétés y ont contribué. Il s’agit notamment de l’OCP, CDG, IAM, ANCFCC (Agence nationale de la conservation foncière) et l’ONDA», affirme Jettou. Pour lui, le portefeuille des entreprises publiques enregistre une faible rentabilité. Il faut noter que plusieurs des ces organismes se trouvent aujourd’hui en période de réorganisation tels que l’ONEE et la RAM, ou dans une période d’investissement, à l’image de l’ONCF et ADM (Autoroutes du Maroc).

Un endettement abyssal

Pis, ce secteur affiche un niveau d’endettement alarmant. Les dettes des établissements et entreprises publiques ont atteint 245,8 milliards de dirhams en 2015, ce qui représente 25% du PIB. Même le rythme de progression de l’endettement s’est accéléré au cours des dernières années puisqu’il culmine à 64,4% entre 2010 et 2015. La Cour des comptes recommande de résoudre cette situation de manière progressive.

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La Cour des comptes a également relevé des dysfonctionnements dans l’élargissement du portefeuille des organes publics. Et pour cause, entre 2008 et 2015, pas moins de 25 institutions publiques ont été créées. Aussi, l’État a donné son approbation pour la création de 184 filières et participations financières. Jettou reproche la création d’entreprises publiques à tout bout de champ sans qu’il y ait une cohérence globale dans ces actions.

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