Au lendemain de la parenthèse enchantée et passionnée offerte par les ultras des deux clubs casablancais, à l’occasion du 8e de finale retour de la Coupe Mohammed VI des clubs champions (4-4), le stade d’Al-Hoceïma a fait part d’un autre aspect ancré dans les travées du royaume : la contestation.
Vox populi
Le dimanche 24 novembre, alors que le Chabab Rif Al-Hoceïma recevait Kénitra pour la neuvième journée de Botola 2 (2-2), plusieurs chants politiques sont descendus des gradins. Et avec une particularité à souligner : les slogans ont été repris et scandés par l’ensemble des supporters, dont le parcage réservé aux ultras du KAC. Un fait d’autant plus rare qu’il est symbolique.
C’est sous les “3acha cha3b” (vive le peuple), repris par les deux tribunes latérales du stade Mimoun-Al-Asri que les supporters ont uni leurs chants. Un slogan régulièrement repris dans les stades marocains, mais aussi en manifestation.
De quoi également faire écho au titre du rappeur Gnawi, auteur d’un morceau publié sur les réseaux sociaux reprenant plusieurs des slogans scandés dans les stades et dénonçant la corruption organique au Maroc. Arrêté et jugé lundi 25 novembre, Mohamed Mounir, dit Gnawi de son nom d’artiste, a été condamné à un an de prison ferme pour “outrage à fonctionnaire public”.
Fin de la corruption et libération des détenus du Hirak
La corruption, justement, a également été dénoncée à l’unisson par les gradins du stade du Chabab Rif : “Le peuple veut la chute de la corruption”, ont notamment scandé les supporters présents dans les tribunes ce dimanche. Dans la foulée, les ultras de Kénitra, comptant parmi les groupes les plus en vue au Maroc sur les revendications chantées dans les stades, se sont joints aux supporters locaux pour appeler à la libération des détenus du Hirak.
Des chants scandés, les poings en l’air, sur mais aussi en dehors du stade après le coup de sifflet final. “Liberté pour Zefzafi” a notamment pu être entendu, en référence à la figure de proue du mouvement, condamné à 20 ans de prison. Une revendication habituelle au Mimoun-Al-Asri, depuis les mouvements de protestation qui ont émergé dans la région dès la fin 2016.
Longtemps honnis, les ultras sont aujourd’hui admirés pour leurs chants revendicatifs dans les stades. Ils sont devenus les porte-voix du malaise social et politique marocain. Un dossier de TelQuel, en janvier, sur les stades comme nouveaux porte-voix politiques, expliquait que les ultras Rif Boys et Los Rifeños 2962 avaient été décimés par la vague d’arrestations des manifestants du Hirak.
“On a dénombré entre 50 et 60 anciens leaders ultras détenus, incarcérés à Ain Aïcha (Taounate), Taourirt ou Fès. Chacun d’eux attirait sa cohorte au stade”, témoignait alors un supporter du Chabab Rif. Après le mouvement de protestation et les vagues d’arrestations, les supporters du Chabab ont pris l’habitude d’exiger, à travers leurs chants, la libération des leaders emblématiques du Hirak du Rif.
Pendant que vous êtes là…
Pour continuer à fournir de l’information vérifiée et approfondie, TelQuel a besoin de votre soutien à travers les abonnements. Le modèle classique de la publicité ne permet plus de financer la production d’une information indépendante et de qualité. Or, analyser notre société, réaliser des reportages et mener des enquêtes pour montrer le Maroc « tel qu’il est » a bel et bien un coût.
Un coût qui n’a pas de prix, tant la presse est un socle de la démocratie. Parce qu’à TelQuel nous en sommes convaincus, nous avons fait le choix d’investir dans le journalisme, en privilégiant l’information qui a du sens plutôt que la course aux clics. Pour cela, notre équipe est constituée de journalistes professionnels. Nous continuons aussi à investir dans des solutions technologiques pour vous offrir la meilleure expérience de lecture.
En souscrivant à une de nos formules d’abonnement, vous soutenez ces efforts. Vous accédez aussi à des avantages réservés aux abonnés et à des contenus exclusifs. Si vous êtes déjà abonné, vous pouvez continuer à encourager TelQuel en partageant ce message par email
Engagez-vous à nos côtés pour un journalisme indépendant et exigeant