Intitulée “La Rétrospective Mehdi Qotbi”, l’exposition réunit une centaine d’œuvres réalisées depuis les années 1960 — peintures, œuvres graphiques, tapisseries et céramiques — alors que l’artiste posait les bases de son style unique, jusqu’à aujourd’hui où sa vision continue d’élargir ses horizons artistiques, indique un communiqué de l’IMA qui vise, à travers cette rétrospective, à mettre en lumière l’univers du peintre pour former un espace de dialogue entre les cultures et les imaginaires.
La vie de Mehdi Qotbi, relève-t-on, est jalonnée de rencontres et d’amitiés avec de nombreux écrivains, artistes, critiques qui donnent naissance à des “Rencontres écrites” où les textes s’entremêlent aux œuvres de l’artiste. Il tisse des dialogues créatifs avec Aimé Césaire, Andrée Chedid, Jacques Derrida, Octavio Paz, Nathalie Sarraute, et nombre d’autres… Ces collaborations ajoutent une dimension littéraire et poétique à son œuvre.
Influencé par les traditions marocaines et les courants d’art européens, Qotbi invente une “désécriture”, un nouveau langage où fusionnent les lettres et les signes arabes. Son art “s’offre et se dérobe. S’offre à la délectation chromatique. Se dérobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir”, observe le critique Philippe Dagen, dans le livre de l’exposition.
Proche de l’artiste Jean-Paul Albinet avec qui il étudie à Toulouse, puis du lettrisme d’Isidore Isou et Jacques Spacagna, il s’en distancie par son approche qui mêle les influences de maîtres tels Claude Monet et Paul Klee.
Comme les peintres américains Jackson Pollock et Marc Tobey, avec lesquels il partage l’amour des motifs all-over et les compositions libres, Qotbi privilégie un langage visuel plus intuitif où l’écriture se métamorphose, souligne-t-on.
“Si Mehdi Qotbi fait danser son pinceau, chorégraphiant à merveille les graphèmes et réinventant le langage, il est surtout un maître incontesté des couleurs”
Pour la directrice du musée et des expositions de l’IMA, Nathalie Bondil, “Qotbi imagine ainsi un processus de mise en relation, des imaginaires et des cultures (…). Métaphore de la beauté de nos voix en suspension, son alphabet de l’âme proclame une esthétique de l’universel et du discursif en intersubjectivités partagées”.
“Si Mehdi Qotbi fait danser son pinceau, chorégraphiant à merveille les graphèmes et réinventant le langage, il est surtout un maître incontesté des couleurs”, a souligné, de son côté, le président de l’IMA, Jack Lang qui le qualifie d’“universaliste convaincu, ambassadeur culturel de la relation franco-marocaine”, œuvrant pour ériger des ponts d’amitié et sensibles entre les continents “dans une conversation féconde avec les deux rives de la Méditerranée”.
Né en 1951 à Rabat, Mehdi Qotbi connaît une enfance modeste marquée par des conditions de vie difficiles qui forgent sa résilience et son optimisme. Dès son adolescence, il développe une passion pour la peinture. En 1967, il intègre les Beaux-Arts de Rabat, où sa rencontre avec Jilali Gharbaoui, pionnier de l’abstraction au Maroc, est déterminante.
En 1969, Mehdi Qotbi quitte le Maroc pour la France, où il obtient son diplôme des Beaux-Arts à Toulouse en 1972, avant de poursuivre ses études à Paris. Entre 1973 et 2007, il enseigne les arts plastiques tout en poursuivant sa carrière artistique. Son œuvre est exposée dans des musées internationaux, soutenue par des critiques comme Pierre Restany et Gilbert Lascault.
Depuis 2011, en tant que président de la Fondation nationale des musées du Maroc, Mehdi Qotbi s’engage à rendre l’art accessible à tous, affirmant que les musées doivent rapprocher les humains et les cultures.
(avec MAP)