En 2023, le secteur agricole a subi une nouvelle diminution drastique de 202.000 postes, réduisant sa part dans l’emploi global à 27,8%.
Depuis le lancement du Plan Maroc Vert en 2008, bien que l’activité agricole ait initialement connu une croissance notable avec une augmentation annuelle moyenne de 7,5% entre 2008 et 2017, cette tendance s’est inversée à partir de 2018. Entre 2018 et 2023, le secteur a enregistré une perte cumulée de près de 965.000 postes, réduisant sa part dans l’emploi total de 37,8% en 2008 à moins de 28% en 2023, une baisse largement attribuable à la succession d’années de sécheresse et à l’intensification du stress hydrique.
Cette perte d’emploi est exacerbée par la migration des populations rurales vers les zones urbaines, attirées par de meilleures opportunités économiques mais aussi poussées par le changement climatique. Selon la Banque mondiale, cette migration pourrait concerner jusqu’à 1,9 million de Marocains d’ici 2050, soit 5,4% de la population totale.
Des initiatives telles que le Programme national d’économie d’eau en irrigation ont toutefois été mises en place pour promouvoir l’utilisation efficace des ressources en eau et réduire la dépendance à l’irrigation traditionnelle, et ainsi faire face aux limites posées. De plus, le gouvernement marocain encourage l’adoption de technologies modernes telles que le pompage solaire pour l’irrigation, afin de rendre l’agriculture plus durable et résiliente face aux changements climatiques.
La baisse de l’emploi agricole est également liée à la mécanisation. Le parc de machines agricoles, comprenant notamment les tracteurs et moissonneuses, a considérablement augmenté entre 2008 et 2018. Si cette modernisation améliore l’efficacité et la productivité, elle réduit également la nécessité d’une main-d’œuvre nombreuse, contribuant ainsi au déclin de l’emploi dans le secteur.
À l’échelle mondiale, la baisse de l’emploi agricole est notable, avec une diminution de 7,4% entre 2008 et 2022, selon les données de la Banque mondiale. Alors que de nombreux pays ont connu une croissance des secteurs industriel et tertiaire en conséquence, le Maroc a principalement vu des bénéfices dans le secteur tertiaire. Selon l’Organisation internationale du travail, cette tendance peut en partie être attribuée aux niveaux de qualification relativement élevés des travailleurs agricoles dans d’autres pays, contrairement au Maroc (la proportion des employés agricoles avec un niveau de scolarisation moyen ou supérieur est à 33,1% en Égypte, à 35,7% au Ghana et à 63,2% au Nigeria, contre moins d’un quart au Maroc), ce qui facilite leur transition vers d’autres secteurs productifs.
Selon le rapport annuel de Bank al-Maghrib, le Maroc devrait se concentrer sur le développement de secteurs à haute productivité pour offrir des alternatives viables aux travailleurs quittant l’agriculture. Le renforcement des écosystèmes industriels est une initiative prometteuse qui nécessite des investissements substantiels dans le capital humain pour soutenir la réallocation sectorielle sur le marché du travail. Ensuite, face aux impacts inévitables du changement climatique sur l’emploi agricole, les autorités doivent intensifier leurs efforts en matière de politiques de mitigation et d’adaptation. La mise en œuvre de pratiques agricoles climato-intelligentes, éprouvées dans de nombreux pays, est cruciale, selon la même source.