Israël en alerte après des menaces de l'Iran alors que les raids meurtriers se poursuivent à Gaza

Les forces israéliennes ont mené vendredi de nouveaux raids meurtriers dans la bande de Gaza dévastée par six mois de guerre, sur fond de craintes d'une riposte de l'Iran contre Israël accusé d'une frappe contre le consulat iranien à Damas.

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en 2017. Crédit: AFP

Alors que les médiateurs – Qatar, Egypte, Etats-Unis – attendent des réponses d’Israël et du Hamas à leur dernière proposition de trêve, l’offensive israélienne  ne connaît aucun répit dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine.

D’après le bureau de presse du Hamas, les forces israéliennes ont détruit dans la nuit des dizaines de maisons et de bâtiments résidentiels à l’aide d’explosifs dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza où le mouvement palestinien a pris le pouvoir en 2007.

Elles ont également mené des dizaines de raids aériens sur plusieurs secteurs du centre de la petite bande de terre, dont Nousseirat, a-t-il précisé. Au moins 25 membres de la famille Al-Tabatibi ont péri dans une frappe qui a visé avant l’aube un immeuble de six étages dans le quartier d’al-Daraj à Gaza-Ville dans le nord, selon un proche.

Ces dernières 24 heures, 89 morts supplémentaires ont été recensés à Gaza, portant à 33.634 le bilan des personnes tuées dans les opérations israéliennes depuis le 7 octobre, a ajouté le ministère.

« Des bombardements ont frappé Nousseirat toute la nuit. Ce n’était que feu et destruction, avec des martyrs gisant dans les rues. Nous avons fui le matin et nous n’avons nulle part où aller. C’est la sixième fois que nous sommes déplacés. L’occupation (Israël, ndlr) a détruit tout Gaza. Gaza est devenue invivable », a dit à l’AFP Mohammad Al-Rayes, 61 ans.

L’armée a fait état de frappes contre « plus de 60 cibles terroristes » dans la bande de Gaza, notamment des postes souterrains et des infrastructures militaires.

Menace iranienne

Les risques d’un débordement du conflit ont redoublé avec les menaces de l’Iran contre Israël accusé d’une frappe qui a détruit le 1er avril son consulat à Damas et faisant selon une ONG 16 morts parmi lesquels deux généraux des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique d’Iran.

Après l’annonce mercredi du président américain, Joe Biden, selon laquelle l’Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël », un général américain chargé du Moyen-Orient, Michael Erik Kurilla, se trouve en Israël.

Le « niveau de préparation à une attaque iranienne contre Israël » a été évoqué jeudi par les ministres de la Défense américain Lloyd Austin et israélien Yoav Gallant, selon un communiqué officiel israélien. « Israël ne tolérera pas une attaque iranienne sur son territoire », a dit Gallant. « Si l’Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l’Iran », a prévenu avant lui le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz.

Les Etats-Unis ont réitéré leur « soutien inébranlable à la défense d’Israël », en dépit des tensions entre Biden et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, autour de la conduite de la guerre contre le Hamas.

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Ennemi juré d’Israël et allié du Hamas, l’Iran a menacé de « punir » Israël après la destruction de son consulat. « Le régime maléfique a fait une erreur (…) il doit être puni et il sera puni », a répété mercredi le guide suprême d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei.

Le secrétaire d’Etat Antony Blinken a demandé à ses homologues chinois, turc et saoudien de dissuader Téhéran de toute attaque contre Israël.

Mais le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a souligné la « nécessité » de riposter à la frappe contre son consulat.

Moscou et Berlin ont appelé à la retenue et la compagnie aérienne allemande Lufthansa a suspendu ses vols depuis et vers Téhéran jusqu’à samedi.

Les Etats-Unis ont restreint les mouvements en Israël de leur personnel diplomatique. Et la France a recommandé à ses ressortissants de « s’abstenir impérativement de se rendre dans les jours qui viennent en Iran, au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens ».

Pas de trêve en vue

Jeudi soir, des centaines d’Israéliens ont appelé à la poursuite de la guerre près de la résidence de Netanyahu à Jérusalem.

« Il faut occuper Rafah le plus rapidement possible, pour sortir victorieux de la guerre », a affirmé l’un d’eux, Dimitri, un professeur de 42 ans, en allusion à l’offensive terrestre israélienne, voulue par Netanyahu. Ce dernier présente cette ville du sud de la bande de Gaza, où s’entassent 1,5 million de Palestiniens la plupart des déplacés, comme le dernier grand bastion du Hamas à Gaza.

Les négociations pour une trêve de plusieurs semaines associée notamment à la libération d’otages piétinent, les protagonistes s’accusant mutuellement de les bloquer.

Jeudi, un responsable du Hamas, Bassem Naïm, a prévenu que la localisation des otages à Gaza demanderait du « temps et de la sécurité », deux conditions qu’une trêve pourrait favoriser.