Sixième mois de guerre à Gaza, les médiateurs tentent d’arracher une trêve

La guerre dans la bande de Gaza, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts, est entrée jeudi dans son sixième mois au moment où les médiateurs internationaux tentent de négocier une trêve dans le territoire palestinien assiégé et frappé par la famine.

Par

Des enfants à Rafah, ville palestinienne dans le Sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, en février 2024. Crédit: UNRWA / X

Face au désastre humanitaire et au lourd bilan parmi la population civile, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte espèrent arracher, sans succès jusqu’à présent, un accord sur une pause dans les combats avant le ramadan. Les bombardements israéliens qui se poursuivent sans répit ont fait 83 morts ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

À Gaza, 2,2 millions de personnes, selon l’ONU, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine. La situation est particulièrement grave dans le nord, où les pillages, les combats et les destructions rendent presque impossible l’acheminement de l’aide humanitaire pour environ 300 000 habitants. “Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre”, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, mercredi sur le réseau social X.

Une réunion pour un cessez-le-feu au Caire, sans Israël

L’aide humanitaire, soumise au feu vert d’Israël, n’entre qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza, principalement depuis l’Égypte, alors que les besoins sont immenses. Les États-Unis, principal allié d’Israël, ont redoublé de pressions ces derniers jours sur les deux camps tandis que la Chine a appelé jeudi à un “cessez-le-feu immédiat”, qualifiant la guerre à Gaza de “honte pour la civilisation”.

Depuis dimanche, une délégation du Hamas discute au Caire avec des représentants américains, égyptiens et qataris, mais sans présence israélienne, d’une possible trêve de six semaines. Celle-ci serait associée à une libération d’otages enlevés le 7 octobre en échange de Palestiniens détenus par Israël, ainsi qu’à l’entrée d’une aide accrue dans le territoire palestinien. Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 31 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.

Israël poursuit son offensive

Le mouvement islamiste réclame, avant tout accord sur une libération des otages, un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre. Israël rejette ces conditions et assure que son offensive se poursuivra jusqu’à l’élimination du Hamas.

à lire aussi

Pour parvenir à la “victoire totale”, Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, une ville située à l’extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés, selon l’ONU, près d’un million et demi de Palestiniens. Selon des témoins, les combats se poursuivaient jeudi dans le nord, à Zeitun, un secteur de la ville de Gaza, et dans le sud à Al-Shouka, un village proche de Rafah, ainsi que dans la partie ouest de Khan Younès. Les chars israéliens ont quitté le centre de cette ville cette semaine, d’après le Hamas, laissant derrière eux d’immenses destructions après des semaines de combats.

Plus de 1500 maisons et immeubles ainsi que des centaines de boutiques ont été “détruits ou très endommagés”, a déclaré la Défense civile, ajoutant que les soldats avaient aussi détruit “tous les réseaux d’eau, d’égouts, d’électricité, de communication et routiers”.

Les enfants “s’évanouissent et meurent dans les rues à cause de la faim”

L’armée a annoncé “poursuivre ses opérations contre des infrastructures terroristes à Khan Younès et dans le centre de la bande de Gaza”. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition et de déshydratation. “Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux”, a déclaré le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qudra.

Nous pouvons survivre sans nourriture pendant plusieurs heures, mais pas nos enfants”, a confié à l’AFP un bénévole, Bassam Al-hou, lors d’une distribution de repas aux déplacés à Jabaliya, dans le nord de Gaza. “Ils s’évanouissent et meurent dans les rues à cause de la faim. Que pouvons-nous faire ?”, a-t-il ajouté.

Face aux difficultés des approvisionnements terrestres, plusieurs pays parmi lesquels les États-Unis, la Jordanie et la France ont commencé à parachuter de l’aide sur le nord de Gaza, une solution jugée insuffisante et dangereuse par les organisations humanitaires.

La piste d’approvisionnements maritimes est également explorée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit visiter vendredi le port de Larnaca à Chypre, le pays de l’UE géographiquement le plus proche de Gaza. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit une nouvelle fois se réunir jeudi à huis clos pour discuter de la situation.