Raids israéliens meurtriers à Gaza, entrée des médicaments destinés aux otages

L’armée israélienne a intensifié ses frappes meurtrières contre le sud de la bande de Gaza au quatrième mois de sa guerre contre le Hamas, avant l’entrée mercredi soir dans le territoire de médicaments destinés aux otages israéliens et d’une aide aux civils palestiniens.

Par

Le poste frontière de Rafah, point de passage sur la frontière internationale séparant l'Égypte et la bande de Gaza. Crédit: أشرف العناني / CC

Alors que la guerre fait craindre un embrasement dans la région, les rebelles yéménites Houthis ont revendiqué une nouvelle attaque contre un “navire américain” au large du Yémen, après avoir été désignés entité “terroriste” par les États-Unis.

Selon des témoins palestiniens, des bombardements israéliens intensifs ont ciblé un secteur proche de l’hôpital Nasser à Khan Younès où se cachent, selon Israël, des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.

Évoquant “la plus difficile et la plus intense nuit” de bombardements israéliens à Khan Younès depuis le début de la guerre, le Hamas a annoncé la mort d’au moins 81 Palestiniens dans cette ville où se concentrent les combats et ailleurs dans la bande de Gaza.

à lire aussi

Les Israéliens “nous ont dit d’aller au sud, on est allé au sud, mais il n’y a aucun endroit sûr à Gaza. Tout est pris pour cible”, se désole Oum Mohammad Abou Odeh, qui a fui Beit Hanoun (nord) pour Rafah, dans le sud à la frontière avec l’Égypte.

La guerre, qui a dévasté le territoire palestinien et déplacé plus de 80 % de la population, a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël qui a fait 1140 morts, en majorité des civils, tués ce jour-là, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels.

Quelque 250 personnes ont été prises en otages et emmenées à Gaza durant l’attaque, dont une centaine ont été libérées à la faveur d’une trêve fin novembre. Selon Israël, 132 restent détenues dont 27 seraient mortes.

Près de 25.000 morts à Gaza

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 24.448 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tués dans les opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien, où l’ONU a évoqué un “risque de famine” et d’“épidémies mortelles”.

Selon l’armée israélienne, 193 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de son offensive terrestre le 27 octobre.

Dans le centre de Gaza, des Palestiniens inspectent les dégâts causés par les combats et les bombardements rue Salaheddine, jonchée de bouts de tôle distordus, de vitres brisées et de gravats.

Les forces “d’occupation (israéliennes) ont laissé derrière elles un séisme. C’est pire qu’un séisme. Il y a encore des martyrs sous les décombres et des cadavres en décomposition”, dit Aziz al-Moussadar, devant des immeubles ravagés.

Les bombardements ont rasé des quartiers entiers, provoqué une crise humanitaire majeure et mis hors service plus de la moitié des hôpitaux dans le territoire palestinien, auquel Israël impose un blocus depuis 2007 et un siège total depuis le 9 octobre. Une coupure d’internet et du téléphone est quasi-totale depuis six jours dans le petit territoire de 362 km2 où s’entassent quelque 2,4 millions d’habitants.

Mardi, le médiateur qatari a annoncé un accord entre Israël et le Hamas sur l’entrée de médicaments pour les otages en échange d’une aide pour les civils à Gaza.

Les convois de médicaments et d’aide humanitaire “sont entrés à Gaza”, a écrit sur X le porte-parole des Affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari, sans préciser si les médicaments avaient été remis aux otages. Au moins un tiers des otages souffrent de maladies chroniques et nécessitent un traitement, selon le Collectif des familles d’otages “Bring them home now”.

À Nir Oz, un kibboutz proche de Gaza, le collectif organise un anniversaire symbolique pour le plus jeune otage, Kfir Bibas, enlevé alors qu’il avait près de neuf mois et dont l’anniversaire tombe jeudi. Le Hamas a annoncé en novembre la mort du bébé, de son frère et de sa mère, tués selon le mouvement dans un bombardement israélien. Israël ne l’a pas confirmée. “C’est fou de prévoir l’anniversaire de quelqu’un qui n’est pas là, de mettre tous ces ballons, de faire des gâteaux”, lâche Yossi Schneider, un proche.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, dix Palestiniens ont été tués dans des frappes de drones de l’armée israélienne et des combats dans les régions de Naplouse et Tulkarem selon des sources palestiniennes.

L’armée, qui a intensifié ses opérations en Cisjordanie depuis le 7 octobre, a présenté l’un des combattants tués comme le chef d’une “cellule terroriste” qui “planifiait une attaque imminente de grande ampleur”.

La communauté internationale redoute un débordement du conflit avec les échanges de tirs quotidiens à la frontière israélo-libanaise entre l’armée israélienne et le Hezbollah, et la multiplication des attaques des Houthis en mer Rouge.

Le chef d’état-major israélien Herzi Halevi a averti que la probabilité d’une guerre “dans les prochains mois” sur la frontière nord d’Israël avec le Liban était aujourd’hui “beaucoup plus élevée”.

Les États-Unis, après avoir mené de nouvelles frappes au Yémen contre les Houthis, ont annoncé désigner ces derniers comme entité “terroriste”.

La riposte de ces rebelles, qui disent perpétrer leurs attaques “en solidarité” avec les Palestiniens, n’a pas tardé. Mercredi soir, ils ont affirmé avoir visé avec “des missiles un navire américain” dans le Golfe d’Aden. On ignorait dans l’immédiat s’il s’agissait de la même attaque annoncée plus tôt par l’agence britannique de sécurité maritime (UKMTO) contre un vraquier battant pavillon des Îles Marshall.