Un baron de la drogue remis par la police française au BCIJ

Un milliardaire marocain, déjà tristement célèbre dans les cercles judiciaires, se trouve à nouveau sous les feux de la rampe. Le 18 décembre, il fera face aux juges de la Chambre criminelle de première instance spécialisée dans les crimes financiers au Tribunal de première instance de Rabat.

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Le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), relevant de la DGST. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Cette convocation fait suite à la conclusion d’enquêtes approfondies menées à son encontre, après que les autorités de sécurité françaises l’ont remis au Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) à Salé. Les charges qui pèsent sur lui sont graves : participation à de la corruption, détention et trafic de drogues, ainsi que violation des lois relatives à la circulation et possession de chira (haschich) et d’autres stupéfiants sans licence.

Selon le quotidien Assabah, l’histoire de ce suspect, originaire de Nador et résidant à Berrechid, a pris une tournure dramatique. Suite à une décision du président du Tribunal de première instance de la capitale, il a été arrêté après l’interception de ses communications téléphoniques. Cette arrestation est intervenue dans le cadre du démantèlement d’un vaste réseau de trafic de drogues à l’échelle internationale, impliquant des figures de l’ombre, parmi lesquelles des responsables de la sécurité, des gendarmes et des barons de la drogue de haut rang.

Les enquêtes ont révélé que ce milliardaire, propriétaire de six entreprises immobilières et de somptueuses villas, avait entretenu des conversations suspectes avec un baron de la drogue, connu pour semer la confusion parmi les autorités de sécurité et judiciaires. En conséquence, le parquet a émis des mandats judiciaires à l’encontre de plusieurs entreprises de télécommunications, dévoilant ainsi l’existence de ces appels téléphoniques, lesquels coïncidaient avec une tentative de trafic de six tonnes et demie de chira via le port de Tanger Med.

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Les forces de sécurité françaises ont intercepté le suspect alors qu’il venait de Belgique, pour ensuite le remettre aux autorités marocaines. Transféré au BCIJ, il a été interrogé sur ses liens avec le baron international “Benhass”, emprisonné depuis 2016, et sur une tentative de trafic d’environ six tonnes et demie de chira. La police judiciaire a aussi mis en lumière ses conversations, étrangement synchronisées avec la saisie des drogues destinées à l’exportation.

Les investigations menées par les officiers du BCIJ, sous les directives du parquet, ont mis en évidence que le suspect possédait des actifs commerciaux dans six sociétés immobilières, enregistrées auprès des tribunaux de Rabat, Casablanca et Tanger, spécialisées dans le développement immobilier. Il possède également une luxueuse demeure à El Jadida et une vaste ferme, en plus d’une résidence haut de gamme dans le quartier Hay Riad à Rabat.

Enfin, les enquêtes ont révélé que le suspect disposait de trois comptes bancaires actifs, brassant des mouvements financiers de plusieurs millions de dirhams. Le gel de ses biens immobiliers et avoirs financiers a été ordonné, dans l’attente des résultats des prochaines audiences judiciaires. Le tribunal a également convoqué deux barons de la drogue internationaux, témoins précédents, pour une confrontation lors de l’audience du 18 décembre prochain avec le nouveau détenu.