Après la polémique, le concert de Booba à Casablanca officiellement annulé

Initialement prévu pour le 21 juin au complexe Mohammed-V de Casablanca, le concert de Booba n’aura finalement pas lieu.

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Booba au festival Mawazine Rythmes du Monde, à Rabat, en 2017. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Les différentes parties qui s’y opposaient auront finalement eu gain de cause. Ce mercredi 21 juin, le cador du rap français Elie Yaffa, dit Booba, devait se produire sur la scène du complexe Mohammed-V à Casablanca. Peu de temps après l’annonce de sa tenue, le concert avait été sujet à un élan d’opposition sur les réseaux sociaux.

Le premier instigateur de cette vague était le Twittos Tarik Talk, qui remettait en question des paroles borderline du rappeur, maître de l’art de la provocation pour le bien de ses punchlines, notamment sur les femmes marocaines.

À l’origine d’une pétition qui était censée être transmise aux autorités compétentes dès l’atteinte des 5000 signatures, Tarik Talk a multiplié les appels à l’annulation du concert, et a pu profiter du soutien du rappeur servannais d’origine marocaine Maes, ancien frère d’armes de Booba, avec qui il est aujourd’hui en clash.

S’il a été accueilli et acclamé par une dizaine de milliers de festivaliers lors du festival Mawazine en 2017, 5 ans auront suffi pour que le rappeur devienne persona non grata au Maroc.

En manque de telles manifestations culturelles, le public l’attendait, en témoignent “les plus de 60 % de tickets vendus” qu’évoquaient les organisateurs du concert à près de trois mois de la date initialement prévue.

Colère des décideurs

Entre-temps, politiques et juristes se sont saisis de l’affaire.

En premier lieu, la membre du PJD Naima Al-Fathaoui — dont le parti était au pouvoir lors de la venue de Booba pour le festival Mawazine — a appelé, dans une question écrite datée du 3 avril et adressée au ministère de la Culture, au “rétablissement du respect de la femme marocaine et à la préservation de sa dignité en interdisant le concert (…) dont l’annonce a suscité une large controverse sur les réseaux”. 

Contactée par TelQuel, une source officielle indiquait, au moment des faits, que “le ministère de la Culture n’a aucun rôle à jouer dans l’organisation de cet événement, qui est un événement privé, organisé au Complexe Mohammed-V, terrain sous tutelle de la commune de Casablanca”.

S’en est suivie une plainte du club des avocats au Maroc, annoncée par Mohammed El Ajouti, président du club, le 29 avril. Sur son compte Twitter, El Ajouti évoquait “une plainte contre M. Yaffa Elie Thitia Alias Booba pour diffamation et injures portées contre les femmes marocaines”. 

La présence de l’artiste sur le territoire marocain “peut présenter dans les circonstances actuelles un trouble à l’ordre public”, affirmait le président du club, avant d’évoquer l’article 4 de la loi 02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers, prévoyant un refus d’accès à “tout étranger dont la présence constituerait une menace à l’ordre public”.

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Maes, propagande ou sabotage ?

En mai, le mystère planait toujours sur la tenue de ce concert. Le principal concerné avait alors pris la parole dans une vidéo, publiée le 15 mai sur son compte Twitter. “On aime le Maroc, on aime l’Afrique, on n’a jamais insulté les Marocains ni aucun Africain” déclarait Booba, avant de prévenir : “Si jamais c’est annulé, on est désolés.”

Comme s’il sentait l’annulation arriver, le rappeur n’avait pas manqué de s’adresser directement à Maes, traitant ce dernier de lâche tout en l’accusant de propagande.

Dans une story publiée le même jour que la vidéo de Booba, le rappeur d’origine marocaine affirmait en effet avoir “annulé le concert de Booba”. Dans cette discussion avec sa mère, filmée pour ses fans et alimentant le clash persistant entre les deux rappeurs, Maes avouait être à l’origine de cette annulation, se vantant de “couper les bras longs”.

Les acheteurs seront-ils remboursés ?

En ce début de mois de juin, une plainte a également été portée par le Ministère public contre la société 10mentions, en charge de la production du concert. Accusée d’escroquerie, il est reproché à la société de production de ne pas avoir informé ses clients et d’avoir maintenu la vente des billets en ligne, ce qui a amené les plaignants à acquérir des billets malgré l’annulation.

Sur les réseaux sociaux, un internaute ayant acheté son billet s’est plaint, ce mardi 6 juin, du fait que Guichet.ma ne propose pour l’heure qu’un avoir en “solde guichet”, valable uniquement sur l’application mobile, et non un remboursement.

Capture d’écran de l’application Guichet.ma suite à l’annulation du concert de Booba, le 6 juin.Crédit: Twitter - @othamnecc_