Booba au complexe Mohammed-V, un concert “exclusif” qui fait polémique

Depuis l’annonce de son concert à Casablanca le 21 juin prochain, le rappeur français Booba fait face à une vague d’appels au boycott et à l’annulation de cet événement. Détails.

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Booba au festival Mawazine Rythmes du Monde, à Rabat, en 2017. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Le “Duc”, persona non grata au Maroc ? Fort de nombreuses récompenses, allant du simple disque d’or au très prestigieux disque de diamant, en passant par de nombreux double, voire triple platine, Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, est un monument du rap français.

Si c’est avec Ali, rappeur français d’origine marocaine, qu’il connaît ses premiers succès dans la musique, le représentant de Boulogne-Billancourt s’attire aujourd’hui les foudres de nombreuses communautés, et notamment des Maghrébins. En cause, de nombreuses phrases et comportements misogynes ciblant, entre autres, les femmes marocaines, pour le bien de la “punchline”.

#InterditDuMaroc

“J’vais à la chicha pour les beurettes”, sur le morceau Génération assassin, “j’enc*** vous tous ma pu*e prépare le couscous”, sur A4, “petite Marocaine se tape Berlusconi”, sur E.L.E.P.H.A.N.T., autant de phrases fidèles au ton très provocateur du rappeur qui ne manquent pas de faire réagir nombre de Maghrébins en France. En 2016, un concert de Booba à Lyon a été annulé après l’appel au boycott d’une personnalité très clivante de la ville, Bassem Braïki.

Alors que le Maroc avait accueilli l’artiste à bras ouverts en 2017, avec près de 100.000 spectateurs à l’occasion du festival Mawazine, le ton est aujourd’hui différent et des milliers d’internautes ne cachent pas leur envie d’annuler cet événement à travers de nombreux hashtags dont #BoycottBooba, tant en français qu’en arabe.

Un des instigateurs de cet élan est le compte spécialisé en organisation de Spaces (discussions en live sur Twitter) Tarik Talk, qui a rendu publique, le dimanche 9 avril, une pétition dont le but est clair : annuler le “concert de la honte” de Booba.

En “clash” avec Booba, le rappeur français d’origine marocaine Maes voit là l’occasion d’assener un énième coup à son ennemi qui, il fut un temps, était son frère d’armes. Ainsi, depuis son lancement, Maes ne cesse de partager ladite pétition, encourageant ses auditeurs à la signer, faisant lui aussi fuser nombre de hashtags dont #InterditDuMaroc.

Avec un premier objectif de 5000 signatures (plus de 4000 sont déjà enregistrées), la pétition devrait, selon Tarik Talk, être “transmise aux organisateurs du concert de Booba ainsi qu’à toute autre société événementielle susceptible d’organiser des shows au Maroc”, mettant “en copie les autorités marocaines”.

Tarik Talk n’est d’ailleurs pas le seul à encourager cet élan appelant au boycott du rappeur français. En effet, la membre du PJD Naima Al-Fathaoui — dont le parti était au pouvoir lors de la venue de Booba pour le festival Mawazine — a appelé, dans une question écrite datée du 3 avril et adressée au ministère de la Culture, au “rétablissement du respect de la femme marocaine et à la préservation de sa dignité en interdisant le concert (…) dont l’annonce a suscité une large controverse sur les réseaux”.

“Un événement privé”

Contactée par TelQuel, une source officielle fait savoir que “le ministère de la Culture n’a aucun rôle à jouer dans l’organisation de cet événement, qui est un événement privé, organisé au Complexe Mohammed-V, terrain sous tutelle de la commune de Casablanca”.

Concernant la question écrite, la même source affirme : “Pour le moment, nous n’avons toujours pas reçu la question écrite qui a été publiée sur le site du parti, ce qui ne respecte pas la Constitution.”

10mentions, agence événementielle chargée de l’organisation du concert de Booba, n’a pour l’heure pas réagi à cette polémique, elle s’est contentée de narguer Maes, en imitant Booba sur une story Instagram.