Humza Yousaf, un nouveau dirigeant de l’Écosse fier d’être issu de l’immigration

Les indépendantistes écossais ont choisi lundi Humza Yousaf pour succéder à Nicola Sturgeon et devenir nouveau Premier ministre, promettant de conduire l’Écosse vers l’indépendance dès cette génération. Premier dirigeant musulman d’un important parti politique au Royaume-Uni, il devra relever le défi de poursuivre le combat pour l’indépendance de l’Écosse après le long mandat de Nicola Sturgeon, dont il était l’un des plus proches alliés.

Par

Humza Yousaf, nouveau leader du Parti nationaliste écossais (SNP), nommé Premier ministre le 27 mars 2023. Crédit: Andy Buchanan / AFP

C’est en ourdou et en anglais que le nouveau leader du Parti nationaliste écossais (SNP), âgé aujourd’hui de 37 ans, avait prêté serment lorsqu’il a été élu en 2011 au Parlement écossais.

Après sa victoire lundi, il a rendu hommage à ses grands-parents paternels, venus du Pakistan il y a 60 ans. “Ils n’auraient pu imaginer dans leurs rêves les plus fous que leur petit-fils deviendrait un jour le prochain Premier ministre d’Écosse.”

“Cela nous rappelle que nous devrions (…) toujours célébrer les immigrés qui contribuent tellement à notre pays”, a-t-il ajouté, dans une pique à peine voilée aux velléités du gouvernement britannique de durcir les conditions d’asile au Royaume-Uni.

“Cela enverra le message très puissant que n’importe quel jeune en Écosse peut aspirer à occuper le plus haut poste du pays”

Nicola Sturgeon, ex-Première ministre

Premier musulman à occuper un poste ministériel dans un gouvernement écossais en 2012 et plus jeune dirigeant à la tête du SNP, Humza Yousaf est surtout salué pour ses talents de communicant susceptibles d’unir le parti, au moment où le soutien pour l’indépendance — sa principale revendication — stagne dans le pays.

Lors de sa dernière apparition au Parlement en tant que Première ministre la semaine dernière, Nicola Sturgeon avait d’ailleurs appelé à l’unité, notant que son successeur serait soit la seconde femme à devenir Première ministre, soit le premier dirigeant issu d’une minorité ethnique. “Quelle que soit l’issue, cela enverra le message très puissant que n’importe quel jeune en Écosse peut aspirer à occuper le plus haut poste du pays”, avait-elle déclaré.

à lire aussi

Né à Glasgow, Humza Yousaf a fait sa scolarité dans une école privée, puis a étudié les sciences politiques à l’université de sa ville natale, travaillé dans un centre d’appel, avant de devenir assistant d’Alex Salmond, le prédécesseur de Nicola Sturgeon comme chef du SNP.

En évoquant ses débuts en politique, Humza Yousaf a raconté avoir subi des attaques et commentaires racistes, en particulier après les attentats du 11 septembre 2001. “J’ai été victime d’une énorme quantité d’attaques en ligne, et malheureusement, parfois aussi en face à face”, a-t-il rapporté.

En 2021, avec sa seconde épouse Nadia El-Nakla, il a porté plainte pour discrimination contre une crèche qui avait refusé d’accueillir leur fille. La crèche avait démenti les accusations, mais l’organisme en charge des inspections avait jugé la plainte fondée. Le couple a depuis abandonné la plainte.

Humza Yousaf assure que sa propre expérience le conduira à défendre les droits de toutes les minorités, dont ceux des homosexuels et des personnes transgenres. Il a promis qu’il ne légiférerait pas en fonction de sa propre foi.

Et cela même si en 2014, il avait été accusé d’avoir sciemment évité un vote au Parlement visant à légaliser le mariage pour les couples de même sexe, sous la pression de dignitaires musulmans. Il s’est défendu durant la campagne en affirmant qu’il avait ce jour-là d’autres engagements, et a renvoyé la balle sur une de ses rivales pour la présidence du SNP, Kate Forbes, qui assume ses idées conservatrices inspirées de son appartenance à une église évangélique écossaise.

Ce très proche de Nicola Sturgeon, considéré comme le candidat de la continuité, et républicain assumé, devra surtout montrer qu’il est prêt à tourner la page Sturgeon au sein du SNP. Il prend le relais de l’emblématique dirigeante au moment où le pays connaît des crises dans son système de santé — dont il avait la tutelle en tant que ministre — et dans l’éducation. Son bilan au gouvernement a d’ailleurs été sévèrement critiqué durant la campagne.

Mais loin de vouloir couper les ponts avec sa prédécesseure, il a indiqué qu’il resterait en contact étroit avec elle pour lui demander conseil, tout en promettant une gouvernance plus collégiale et “moins réduite à un cercle restreint”.