Le Maroc à la Coupe du monde : les 6 raisons d’une victoire historique

Le Maroc a écrit l’histoire en devenant la première équipe africaine et première équipe arabe à se qualifier pour une demi-finale de la Coupe du monde de football masculin.

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Les Lions de l'Atlas. Crédit: DR

Les Lions de l’Atlas, dotés d’une organisation et d’une volonté défensive impeccables, d’un jeu de passes créatif au milieu du terrain, d’une attaque rapide et de la ferveur de leurs supporters, ont brisé le plafond de verre insaisissable de la Coupe du monde.

L’ambiance créée par les supporters marocains est devenue le moteur de la première Coupe du monde organisée dans le monde arabe. Aussi magique que puisse paraître la victoire du Maroc, il ne faut pas oublier qu’aucune équipe n’a marqué contre lui (à l’exception d’un but contre son camp lors de la victoire contre le Canada). L’équipe a toujours contrôlé le jeu, imposant son autorité avec un flair inimaginable et un calme contrôlé.

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Six forces notables sont à l’origine du succès marocain.

  1. L’esprit d’équipe

Le Maroc a fait preuve d’un esprit d’équipe hors du commun pour éliminer des équipes mieux classées, qui disposaient d’un grand nombre de stars individuelles (Belgique, Espagne, Portugal). Ce qui manque au Maroc en matière de vedettariat a été compensé par le désir de gagner et la discipline technique de toute l’équipe.

Le but du quart de finale, survenu après une pression défensive, a été marqué à la 42e minute. Après quelques bons contacts, Yahya Attiat Allah a récupéré le ballon, l’a contrôlé et a envoyé un centre dans la surface. Là, Youssef En-Nesyri semblait s’élever pour toujours au-dessus des mains tendues des grands défenseurs portugais, pour reprendre le ballon de la tête. La fluidité de la passe était magnifique, laissant le Portugal désemparé et provoquant une apothéose dans le stade qui a fait le tour du monde.

  1. Les leçons du passé

Motivés par le désir de passer le cap des quarts de finale, les Marocains ont dû tirer les leçons du passé. Les trois dernières équipes africaines à avoir atteint les quarts de finale de la Coupe du monde — le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010 — avaient été éliminées de la manière la plus douloureuse qui soit, en prolongation. Dans chacun de ces cas, les équipes africaines n’ont pas eu le sang-froid nécessaire pour aller au bout de leurs intentions.

Les Lions de l’Atlas ont défendu avec tout leur cœur et ont ensuite marqué, empêchant toute possibilité de prolongation. Même les blessures — et l’expulsion de l’attaquant Walid Cheddira après un deuxième carton jaune — n’ont pas déstabilisé la défense de l’équipe. Le Portugal et son joueur vedette Cristiano Ronaldo n’ont pas pu trouver l’égalisation. Dès le début, les Marocains semblaient déterminés à écrire l’histoire.

  1. Une solidité défensive

Avant les demi-finales, seuls le Maroc et la Croatie, qui ont fait match nul au premier tour, sont encore invaincus. En huitième de finale, le Maroc a éliminé l’Espagne aux tirs au but. Son gardien de but Yassine Bounou a réalisé d’énormes arrêts pour propulser le Maroc en quart de finale. L’élimination du Portugal, tout comme celle de l’Espagne, s’est faite grâce à une défense solide qui n’a encaissé aucun but.

Yassine Bounou, gardien de l’équipe nationale, célèbre avec les supporters la qualification pour le quart de finale du Mondial Qatar-2022 le 6 décembre 2022 à Doha.Crédit: MAP

On dit souvent que les défenses gagnent les championnats. Si c’est le cas, alors le Maroc a les atouts pour tout gagner. Mais il doit croire en ses forces et rassembler suffisamment d’énergie pour défendre pendant de longues périodes lors des prochains matches. Jusqu’à présent, leur possession de balle a été de 22 % contre l’Espagne et 23 % contre le Portugal, ce qui témoigne de leur discipline défensive et de leur efficacité à marquer des buts. Les faibles pourcentages de possession de balle montrent également que le fait d’avoir beaucoup de possession de balle n’est pas une garantie de victoire. Cependant, le fait de prendre l’avantage permet à l’équipe de rétrécir les espaces, ce qui oblige l’adversaire à courir davantage — et à subir des contre-attaques.

  1. Les supporters sont le 12e joueur

Le Maroc se trouve dans la position unique de porter le double espoir de la région arabe et du continent africain. Le quart de finale a ressemblé à un match à domicile pour le Maroc, les supporters de l’équipe ayant dominé dans les tribunes. Les supporters marocains ont encouragé l’équipe, raillé les joueurs portugais et encouragé sans relâche leurs héros.

À l’image de leurs dirigeants et de leurs stars, de nombreux Africains et Arabes ont célébré la qualification des Lions de l’Atlas dans les rues du Qatar.Crédit: DR

Après le coup de sifflet final, le stade a explosé, des milliers de personnes sautant sur place, s’embrassant et se serrant les coudes. Avec les supporters qui jouent le rôle de 12e joueur pour le Maroc, il ne serait pas surprenant que les Lions de l’Atlas parviennent à créer une nouvelle surprise et à se qualifier pour la finale. Sur les quatre pays restants, l’Argentine et la France sont les seuls à avoir soulevé le trophée. La Croatie et le Maroc sont des outsiders, mais ce sont les équipes préférées du public au Qatar. L’un ou l’autre pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de la Coupe du monde.

  1. La présence des stars

Malgré la pression de porter le poids de l’histoire, les Lions de l’Atlas ont démontré qu’ils avaient les capacités techniques et tactiques pour faire face. En effet, l’équipe a été régulière, organisée, sereine, solide en défense, créative au milieu de terrain et intelligente et efficace en attaque. Bounou, Achraf HakimiAzzedine OunahiRomain SaissSofyan Amrabat, En-Nesyri et Hakim Ziyech ont été les meilleurs éléments du Maroc.

Les joueurs de l’équipe Hakim Ziyech et Achraf Hakimi en pleine célébration avec les supporters lors de la qualification pour le quart de finale du Mondial Qatar-2022 le 6 décembre 2022 à Doha.Crédit: MAP

Historiquement, le Maroc a été un pionnier de la Coupe du monde pour l’Afrique et n’a pas été effrayé par l’Espagne et le Portugal. Cette équipe représentera un défi difficile pour la France dans le dernier carré mercredi.

  1. Un entraîneur local

Si le rêve se poursuit, ce sera parce que l’entraîneur Walid Regragui a mis en place un système défensif et d’attaque efficace qu’aucun de ses adversaires n’a réussi à résoudre jusqu’à présent.

Walid Regragui a su fédérer les énergies de tous, aussi bien au sein des Lions de l’Atlas que de la nation.Crédit: MAP

Regragui a intelligemment mis en place et conduit l’équipe jusqu’aux demi-finales et a ainsi battu en brèche les arguments fallacieux selon lesquels les entraîneurs africains locaux ne sont pas à la hauteur de la tâche de diriger une équipe à ce niveau. En effet, l’équipe de Regragui, bien que privée de Nayef Aguerd (West Ham), de Noussair Mazraoui (Bayern Munich) et du capitaine Saiss (blessé), a montré qu’un entraîneur africain peut exploiter de manière créative les compétences et la volonté de ses joueurs pour atteindre la gloire nationale.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Voici l’article original, signé , Professor of Health and Kinesiology, University of Texas at Tyler