Sexisme et inégalités à l’école : l’ADFM interpelle le ministère de l’Éducation nationale

A l’occasion de la Journée internationale des filles, célébrée le 11 octobre, l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) attire l’attention des pouvoirs publics, et notamment celle du ministère de l’Éducation nationale, sur les millions de fillettes et d’adolescentes doublement sujettes aux multiples formes de discrimination, en fonction du sexe et de l’âge.

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Une école dans le village de Taghzirt, au sud de Marrakech, en 2016. Crédit: Fadel Senna / AFP

A l’heure où la refonte du Code de la famille est à l’ordre du jour, l’ADFM appelle le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports à “revisiter profondément les référentiels des programmes, méthodes et pratiques en milieu scolaire en optant pour une ‘pédagogie transversale de l’égalité’ et en en garantissant l’effectivité”, écrit l’association féministe dans un communiqué publié le 11 octobre.

“Les causes, les manifestations, les effets et impacts néfastes des violences fondées sur le genre à l’égard des filles constituent une des principales questions qui interpellent, sur leurs insuffisances et carences, les lois relatives à la famille et à la violence à l’égard des femmes, parallèlement au système d’éducation et de formation”, souligne la même source.

Ainsi, l’ADFM prend pour exemple les liens entre l’abandon scolaire des filles dû, entre autres, au mariage précoce ou forcé et les stéréotypes sexistes véhiculés par l’école qui, dès le jeune âge, freinent le développement de l’estime et de l’affirmation de soi et l’autonomisation des filles.

“Rompre le cercle vicieux ‘lois et mentalités discriminatoires’ est de la responsabilité de plusieurs parties prenantes dont, principalement, le législateur et le gouvernement”, rappelle l’ADFM.

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Cet appel s’inscrit dans la lignée du dernier discours du Trône, dans lequel le roi Mohammed VI a appelé à réformer le Code de la famille pour garantir aux femmes “la pleine jouissance” de leurs droits. “L’esprit de la réforme ne consiste pas à octroyer à la femme des privilèges gracieux, mais, bien plus précisément à lui assurer la pleine jouissance des droits légitimes que lui confère la Loi. Dans le Maroc d’aujourd’hui, il n’est en effet plus possible qu’elle en soit privée”, avait souligné le souverain.

Un colloque national autour du thème “La révision du Code de la famille, une priorité nationale” a par ailleurs eu lieu, mardi 11 octobre à Rabat, à l’initiative de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH), en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).

Ce colloque a été l’occasion d’examiner la condition des filles dans le Code de la famille et d’émettre des recommandations visant la mise en place d’une feuille de route de campagne nationale de soutien aux femmes et filles en situation difficile.

Dans le cadre de l’autonomisation des filles, le ministère de l’Éducation nationale “a intégré une approche des droits humains et du genre dans divers ateliers liés au système d’éducation et de formation dans le cadre de la promotion de la qualité et de l’équité”, a assuré, lors de ce colloque, le représentant du ministère, Abderrahim El Ayadi.

Le ministère “tient à orienter les programmes d’appui éducatif pour soutenir les filles dans la phase de transition du cycle primaire au collégial dans les zones rurales afin d’assurer la scolarité obligatoire pour toutes les filles et tous les enfants”, a-t-il ajouté.