Affaire Omar Raddad : l’ex-jardinier marocain fixé le 13 octobre sur les suites de sa requête en révision

Après la présentation par sa défense d’“éléments nouveaux”, l’ex-jardinier marocain doit être fixé jeudi sur les suites de sa requête en révision, 28 ans après sa condamnation pour le meurtre de Ghislaine Marchal dont il se dit innocent.

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Pendant 30 ans, enquêteurs et magistrats n’ont pas voulu regarder ailleurs que dans la direction d’Omar Raddad, accusé par un message ensanglanté. Allant même jusqu’à ignorer un témoignage qui pointait deux autres suspects. Crédit: DR

La première avait été rejetée il y a vingt ans, mais Omar Raddad a déposé une nouvelle requête en révision de son procès le 24 juin 2021, 30 ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal, la riche veuve d’un équipementier automobile.

Son jardinier Omar Raddad avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle, puis gracié mais pas innocenté. Il avait été désigné par l’inscription “Omar m’a tuer” tracée avec le sang de la victime, une faute de conjugaison qui a placé l’affaire parmi les dossiers criminels les plus célèbres et controversés de France.

Progrès scientifiques en matière d’ADN

Aujourd’hui, Omar Raddad fonde ses espoirs sur les progrès scientifiques en matière d’ADN et une loi qui assouplit les critères permettant d’obtenir la révision d’un procès.

Dans le long processus judiciaire vers une hypothétique saisine de la Cour de révision, son avocate Sylvie Noachovitch se targue d’avoir franchi un premier “pas” après avoir obtenu en décembre de la commission d’instruction que soient diligentées des investigations complémentaires.

Ce supplément d’information visait à déterminer la portée des conclusions d’un expert en génétique sollicité par l’avocate, concernant quatre ADN masculins non identifiés retrouvés en 2015 sur des scellés de la scène de crime et qui ne correspondent pas au profil génétique de l’ex-jardinier.

Ghislaine Marchal avait été retrouvée morte à 65 ans dans la chaufferie de sa propriété de Mougins (Alpes-Maritimes) le 24 juin 1991. Deux inscriptions accusatoires en lettres de sang — “Omar m’a tuer” et “Omar m’a t” — avaient été découvertes sur deux portes.

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Dans des notes de 2019 et de 2020, l’expert en génétique révélait l’importance d’un des quatre ADN masculins inconnus, présent en de nombreux endroits et notamment sur l’inscription “Omar m’a t”, seul ou mélangé avec le sang de la victime.

L’expert favorisait l’hypothèse d’un dépôt de l’ADN lors des faits et non d’une “pollution” ultérieure, notamment par les enquêteurs. En d’autres termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l’auteur de l’inscription, qui ne serait alors pas Ghislaine Marchal mais potentiellement le véritable meurtrier, estime la défense d’Omar Raddad.

Nouveaux éléments

Depuis cette première étape, Me Sylvie Noachovitch a présenté le 19 mai à la commission d’instruction de la Cour de révision d’autres “éléments nouveaux”, issus cette fois d’une “enquête secrète” de la gendarmerie entre 2002 et 2004, après les confidences d’une informatrice sur un possible mobile crapuleux.

Ces investigations avaient été révélées dans un livre paru en mars, “Ministère de l’injustice” de Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon.

Lors d’une dernière audience à huis clos, le 15 septembre, la défense d’Omar Raddad a demandé les auditions de gendarmes ayant participé à cette enquête, ainsi que la désignation d’un laboratoire spécialisé dans la recherche en parentèle pour déterminer à qui appartiennent les ADN inconnus retrouvés sur les inscriptions.

Selon une source proche du dossier, l’avocat général s’est dit favorable à une expertise, mais a en revanche demandé que soit écartée l’enquête de gendarmerie. “Nous avons tous les espoirs qu’une décision soit favorable”, avait déclaré Me Noachovitch en sortant avec Omar Raddad de cette audience.

Jeudi, la commission d’instruction peut soit ordonner un nouveau supplément d’information, soit rejeter la requête, soit encore la transmettre directement à la Cour de révision, laquelle aura le dernier mot sur l’organisation d’un nouveau procès, un événement rarissime en France.