Après que la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a demandé ce 28 juin aux gouvernements de l’Espagne et du Maroc de mener une enquête “efficace” et “indépendante” sur le drame de Melilia, la procureure générale espagnole, Dolores Delgado, a chargé aujourd’hui Beatriz Sánchez, procureure de la Chambre de coordination des étrangers, d’identifier les circonstances de décès de migrants lors de l’assaut à la frontière de Melilia.
Selon l’agence de presse espagnole EFE, la procureure de l’État espagnol avait déposé une communication ce matin demandant l’ouverture d’une procédure d’enquête afin de clarifier ce qui s’était passé. La décision de Dolores Delgado, explique le bureau du procureur général dans un communiqué, est basée sur l’importance et la “gravité” des événements qui se sont produits ainsi que sur “le caractère unique et la complexité du dossier”.
De son côté, l’ambassade du Maroc en Espagne a assuré que l’assaut contre la clôture de Melilia a été planifié par des chefs “aguerris et entraînés” dans des zones de conflit qui ont pénétré sur le territoire marocain depuis l’Algérie, grâce au “laxisme délibéré” de ce pays en matière de contrôle de la frontière. En outre, il affirme que “les forces de l’ordre ont fait preuve d’un sens élevé du contrôle et du professionnalisme”.
Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, s’est dit convaincu que “le Maroc et l’Espagne veulent tous deux savoir ce qui s’est passé”, bien qu’il ait souligné qu’“une avalanche de 2000 personnes est très difficile à gérer”, raison pour laquelle l’Espagne doit “renforcer davantage la collaboration avec le Maroc”.
“Le gouvernement a fait une erreur totale”
Toutefois, les principaux partenaires du gouvernement au Congrès espagnol lient ces incidents au revirement de la politique espagnole à l’égard du Maroc et préviennent que “cela a des conséquences”. Les formations politiques du Parti nationaliste basque (PNV), du Bildu, du Más País et du Compromís estiment que la tragédie est “une conséquence directe de l’accord entre le gouvernement et le Maroc en échange de la trahison du Sahara”.
“Le gouvernement a fait une erreur totale. Elle ne peut rester impassible dans le traitement de l’incident et doit être consciente qu’il est lié aux décisions prises récemment” avec le Maroc, a averti le porte-parole du PNV au Congrès, Aitor Esteban. La coalition politique Bildu a souligné quant à elle que “ce que nous avons vu est inhumain”, rapporte EFE.
Le Parti populaire (PP) et Vox ont également exhorté Sánchez à fournir des explications au Congrès. Le PP interrogera demain le ministre de l’Intérieur sur les “conséquences dramatiques de l’assaut” contre la clôture de Melilia.
Une vague migratoire qui, selon le président des Canaries, Ángel Víctor Torres, pourrait s’aggraver tant que “l’instabilité politique internationale et la hausse du prix des produits” se poursuivront.
(avec EFE)