Abdellatif Jouahri : “BAM continue de maintenir des mesures exceptionnelles pour ne pas freiner la reprise”

Le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) Abdellatif Jouahri a assuré, ce 23 juin à Rabat, que la banque centrale continuait de maintenir les mesures exceptionnelles déployées lors de la crise sanitaire pour ne pas freiner la reprise.

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Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Lors de la conférence organisée par BAM en partenariat avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Revue économique du FMI, Abdellatif Jouahri a déclaré : “Au niveau de BAM, nous continuons de maintenir les mesures exceptionnelles que nous avons déployées lors de la crise sanitaire pour ne pas freiner la reprise, mais en même temps nous restons très vigilants quant à l’évolution des prix.

Il a rappelé dans ce sens que la banque centrale tablait sur un taux d’inflation légèrement au-dessus de 5 % cette année, mais qui devrait revenir à un niveau modéré l’année prochaine. Par ailleurs, Jouahri a mis en avant les grands défis qui entravent la reprise de l’économie mondiale, fortement compromise et de plus en plus incertaine, notant dans ce sens que le déclenchement du conflit en Ukraine était venu assombrir les perspectives de l’économie mondiale, après un rebond en 2021.

Menace de crise alimentaire mondiale

À cet égard, il a fait savoir que le monde ne serait pas à l’abri d’une crise alimentaire, sachant d’ores et déjà, selon les dernières évaluations de la Banque mondiale, qu’entre 75 millions et 95 millions de personnes additionnelles vivent dans l’extrême pauvreté en 2022 comparativement aux projections pré-pandémie.

S’agissant de l’inflation, le gouverneur de la banque centrale a indiqué que face à une accélération de l’inflation à des niveaux jamais observés depuis des décennies, les banques centrales font face à un dilemme délicat : resserrer la politique monétaire et freiner davantage l’économie, ou privilégier une orientation accommodante avec le risque d’une accentuation de la flambée des prix.

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Outre le ralentissement de l’économie, les gouvernements sont confrontés à des besoins sociaux accrus et des pressions pour apporter leur soutien au pouvoir d’achat, sachant que leurs marges budgétaires ressortent largement réduites par la crise sanitaire, avec des niveaux d’endettement très élevés et des conditions de financement de plus en plus difficiles, a-t-il dit.

“Une réflexion profonde est nécessaire”

Le Maroc n’est évidemment pas à l’abri des effets de cet environnement international difficile, a-t-il soutenu, ajoutant que grâce à une mobilisation exceptionnelle à tous les niveaux, l’économie nationale a pu en grande partie dépasser la crise sanitaire, enregistrant un rebond de près de 8 % en 2021. Toutefois, et comme partout ailleurs, elle subit les conséquences de la guerre en Ukraine avec en particulier un alourdissement de la facture énergétique et de fortes pressions externes sur les prix à la consommation.

Pour faire face à des situations de crise et de conjonctures difficiles, Jouahri a relevé qu’une réflexion profonde était nécessaire. Cela permettrait de définir les contours d’un véritable changement de paradigmes qui s’impose en matière d’élaboration et de mise en œuvre de la politique publique. Il a, en outre, affirmé qu’au-delà de simples ajustements des choix et des politiques, ce sont bien leurs fondements qu’il faudrait requestionner, à l’instar de ce qui a été fait au lendemain de la crise internationale de 2008.

Dans ce sens, il a fait savoir que BAM fournissait un effort permanent pour essayer de répondre aux questionnements tels que ceux soulevés dans cette conférence. “Nous nous interrogeons régulièrement sur nos approches et nous adaptons nos instruments et nos outils de suivi, d’analyses et de prévisions. Nous attachons dans ce sens une grande importance au développement de la recherche et à l’ouverture sur le monde académique national et international, nous en avons même fait un des principaux axes de notre plan stratégique 2019-2023”, a-t-il ajouté.

D’autre part, le gouverneur de la banque centrale a précisé que cette initiative venait consolider le partenariat noué avec le FMI dans plusieurs domaines et qui s’est particulièrement renforcé ces dernières années, se réjouissant de sa concrétisation et plus globalement de la reprise de l’ensemble du processus de préparation des assemblées prévues en octobre 2023 à Marrakech.

(avec MAP)