Le CESE plaide pour la reconnaissance de l’addiction comme maladie éligible à des soins remboursables

L’addiction, sous ses différentes formes, doit être reconnue comme une maladie qui nécessite une prise en charge appropriée, a insisté, le 20 avril, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami.

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Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, en janvier 2020. Crédit: MAP

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a appelé, mercredi à Rabat, à la reconnaissance de l’addiction sous ses différentes formes, y compris les nouvelles, comme une maladie qui nécessite une prise en charge appropriée des personnes qui en sont atteintes, tout en renforçant les moyens de lutte et de prévention des conduites addictives.

Le président du CESE, Ahmed Reda Chami, a ainsi présidé une rencontre par visioconférence pour la présentation de l’avis du conseil sur le phénomène de l’addiction, intitulé “Faire face aux conduites addictives : état des lieux et recommandations”.

Présentant les résultats de nombre de recherches et d’études de terrain menées sur l’addiction au Maroc ces dernières années, Chami a relevé qu’il y avait plus de 6 millions de fumeurs, dont 500.000 ont moins de 18 ans, que près de 18.500 personnes s’injectaient des drogues, et que plus de 9 % des mineurs en milieu scolaire avaient consommé au moins une fois du cannabis.

Ces recherches ont également révélé que 3,3 millions de personnes s’adonnent à des jeux de hasard, et mis l’accent sur l’usage addictif croissant des écrans, des jeux vidéo et d’Internet, notamment chez les adolescents et les jeunes.

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Ce sont en effet des chiffres alarmants, qui démontrent la gravité de cette problématique dans notre pays, et la nécessité de faire face à ses graves répercussions sur la santé mentale, psychologique et physique des personnes concernées”, a estimé le président du CESE.

Les recommandations du CESE

Ahmed Reda Chami a, dans ce sens, souligné l’importance de procéder à une révision du Code pénal, ce qui permettrait, d’une part, l’application systématique des dispositions légales qui obligent les consommateurs de stupéfiants à suivre un traitement et, d’autre part, le durcissement des peines contre les réseaux de trafic de drogues et de substances illicites.

Il a également appelé à réserver une part pérenne (10 %) des recettes de l’État tirées des biens et services licites issus des activités à potentiel addictif (tabacs, alcools, paris hippiques, loterie, paris sportifs) vers le soin, la recherche et la prévention. À noter que ces biens et services génèrent un chiffre d’affaires de plus de 32 milliards de dirhams, soit près de 9 % des recettes fiscales et 3 % du PIB.

Le président du CESE a ensuite insisté sur la nécessité de reconnaître légalement la discipline et le diplôme universitaire d’addictologie et d’adopter les statuts des autres métiers en lien avec cette discipline (psychologues, ergothérapeutes, etc.) en vue de développer les ressources humaines.

Concernant les sociétés de paris et de jeux, Ahmed Reda Chami a appelé à mettre en place une autorité nationale de surveillance et de régulation technique et déontologique des établissements et sociétés de paris et de jeux pour prévenir et lutter contre les addictions.

Il est donc nécessaire de généraliser l’accès aux traitements par substitution aux opiacés dans l’ensemble des établissements pénitenciers tout en garantissant la possibilité d’accès aux soins à toute personne dépendante détenue qui en exprime le souhait, a conclu le président du CESE.

(avec MAP)