Comment le format du concours, avec ses épreuves de demi-finale et finale, permet-il de révéler la rigueur et l’excellence technique des candidats ?
Le concours international de l’OPM se situe parmi les plus grands concours du monde. Il demande aux candidats de préparer deux concertos, là où, habituellement, ils n’en jouent qu’un seul en finale avec orchestre. Ce sont deux concertos différents, ce qui demande une énorme préparation, et sélectionne de fait les candidats qui ont déjà un grand répertoire et beaucoup d’expérience.
Cela demande aussi une maîtrise technique formidable, puisque les deux concertos sont de styles différents – plus classique pour la demi-finale, et grand concerto romantique pour la finale. Cela implique de la rigueur, mais aussi beaucoup de qualités musicales et solistiques, d’ampleur de son et de phrasés, afin que les candidats puissent raconter une histoire à travers ces œuvres et déployer leurs talents de concertiste.
Quels sont les critères les plus déterminants qui permettront au jury de distinguer les candidats les plus méritants, notamment lors de l’interprétation des concertos romantiques ?
Les critères sont rigoureux. Il faut, dans un premier lieu, un tempérament exceptionnel, un côté artistique formidable, ainsi qu’une maîtrise technique absolue. Une qualité de son aussi, une capacité de raconter des histoires avec la musique, afin d’emmener le public dans un rêve.
C’est aussi une question de partage entre le soliste et les musiciens d’orchestre, qui peuvent être parfois en affrontement, ou, à l’inverse, en symbiose absolue. Le soliste doit donc montrer une capacité d’écoute de l’orchestre, une complicité avec le chef et ses musiciens.
En quoi l’interprétation d’un concerto de Beethoven ou Mozart représente-t-elle un défi technique et artistique significatif pour les jeunes pianistes ?
Dans un concours international, il est rare de trouver un répertoire imposé classique, surtout pour les concertos. Le fait que les candidats aient à choisir pour les demi-finales entre des concertos de Mozart et les deux premiers de Beethoven les amène à présenter une œuvre relativement classique. C’est très important, car la plupart des concours demandent uniquement de grands concertos romantiques du début du 20e siècle.
L’interprétation des concertos de Mozart ou Beethoven requiert des qualités très particulières : une clarté du jeu, une beauté du son et un sens véritablement affirmé des phrasés, avec un texte musical moins fourni qu’un Liszt ou qu’un grand Brahms, mais dans lequel chaque note s’entend. Un pianiste qui est incroyable dans l’interprétation d’un concerto de Mozart et dans un concerto de Tchaïkovski est déjà un grand artiste. Je pense que le jury sera très sensible à cela également.