Le Boualem, l'agent orange et les élections américaines

Par Réda Allali

Zakaria Boualem, vous le savez, s’est fixé comme mission de rapporter ici même les avancées de la construction du MarocModerne, mais ce n’est pas tout. Il se doit aussi de commenter l’actualité internationale, car le bougre est désormais mondial. Cette semaine planétaire, donc, a été marquée par une tentative d’assassinat en plein meeting électoral américain. Oui, les amis, vous ne rêvez pas, au cœur même de l’empire, dans l’antre de la civilisation la plus avancée, on a tiré sur un candidat, l’agent orange en personne, désormais élevé au rang d’authentique miraculé.

“Vous ne rêvez pas, dans l’antre de la civilisation la plus avancée, on a tiré sur un candidat, l’agent orange en personne, désormais élevé au rang d’authentique miraculé”

Réda Allali

Le Guercifi, bien entendu, a commencé par se demander comment pareille diablerie était possible, avant de se souvenir que, chez eux, tout le monde était armé, surtout les fans de la mèche folle, et qu’on ne peut rien contrôler du tout. L’arme qui a servi au sniper, un fusil semi-automatique AR-15 pour les amateurs de précision, coûte 350 dollars, c’est très peu. Conséquence : on en dénombre environ 25 millions en circulation dans ce beau pays. Ajoutons aussi qu’il existe une version pour enfant, et merci. Si on en avait juste quelques milliers chez nous, il est bien possible que le nombre de Marocains aurait été réduit de moitié juste après la première journée du ramadan.

“Oui, les amis, vous ne rêvez pas, au cœur même de l’empire, dans l’antre de la civilisation la plus avancée, on a tiré sur un candidat, l’agent orange en personne, désormais élevé au rang d’authentique miraculé”

Réda Allali

Faites ce que vous voulez avec les informations précédentes, mais sachez que le Boualem estime qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Johnny Cash. Car, comment expliquer autrement que cet extraordinaire vivier humain, plein de scientifiques, d’artistes, de créatifs, d’esprits brillants, finisse par accoucher, lors des élections, d’un duel poussif entre un grabataire et un mufle ? Par quelle sinistre machination le processus de sélection en est-il arrivé à proposer à ce peuple glorieux un choix aussi lamentable ?

Peut-on, sans craindre pour ses futurs visas ou se voir ramené à ses propres turpitudes, affirmer que le spectacle est navrant ? Sans même parler de cette épouvantable attaque du Capitole à Washington en 2021 dont on aurait pu penser, si elle n’avait pas été filmée en UHD, qu’elle se déroulait dans une obscure contrée du Tiers-monde. Comment peut-on à la fois proposer des innovations techniques aussi nombreuses, se présenter comme les maîtres du monde, et se comporter de la sorte ?

Comme souvent, quand il est assailli par le doute, le Boualem se tourne vers le foot pour s’éclaircir les idées, c’est une sorte de réflexe. Il est inspiré, puisque la contrée dont il est question ici vient d’organiser la Copa America, censée être une formalité pour un pays qui dispose d’infrastructures aussi flamboyantes. Mais, là encore, l’échec a été cuisant. On a eu droit à des scènes de violence terribles, des attaques de stades à la Fort Alamo, plusieurs matches retardés, des joueurs qui montent dans les tribunes pour protéger leurs familles et des supporters qui envahissent les conduits de climatisation pour entrer dans le stade sans billet…

Cette terrible liste, si elle avait été accolée à quelque peuplade barbare islamisée, le Qatar par exemple, aurait provoqué sur CNEWS des débats enflammés sur l’incapacité des musulmans à organiser quoi que ce soit, associée à quelques commentaires définitifs sur la personnalité chaotique de ces gens-là, vous avez compris le truc. Et même la CAN, cette compétition décriée, jouée dans la troisième salle d’un hammam dans des zones à la stabilité chancelante, ne provoque pas autant de pagaille. Oui, il faut le dire, les maîtres du monde sont un peu décevants ces derniers temps, et ce n’est que l’angoisse des représailles qui justifie le ton modéré de cette conclusion, elle aussi décevante, et merci.