Bombardements meurtriers à Gaza, malgré de nouvelles négociations pour un cessez-le-feu

Des bombardements meurtriers ont visé lundi la bande de Gaza, où Israël poursuit son offensive contre le Hamas dans la ville de Rafah et se dit déterminé à vaincre le mouvement islamiste palestinien, malgré les appels au cessez-le-feu.

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Photo prise à Gaza le 10 octobre 2023. Crédit: Mohammed Zaanoun / Middle East Images

Les Etats-Unis ont appelé dimanche le Hamas à accepter un plan israélien présenté vendredi par le président américain, Joe Biden, en vue d’un cessez-le-feu après bientôt huit mois de guerre. Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réaffirmé après l’annonce de ce plan sa détermination à poursuivre la guerre jusqu’à l’élimination du Hamas, auteur d’une attaque sanglante le 7 octobre contre Israël, et la libération des otages enlevés ce jour-là.

L’armée israélienne poursuit son offensive terrestre à Rafah, une ville frontalière avec l’Egypte dans le sud du territoire palestinien, pour détruire selon elle les derniers bataillons du Hamas. Lundi, des frappes aériennes et des tirs d’artillerie ont visé Rafah, principalement le secteur de Tal al-Sultan, dans l’ouest de la ville, selon un témoin. Un autre témoin a signalé des combats intenses dans l’est de Khan Younès, à quelques kilomètres de là.

Pendant la nuit, au moins 20 personnes ont péri dans des frappes et des tirs d’artillerie, dont six dans le camp de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, et dix dans le secteur de Armadhiya à Khan Younès, selon des sources médicales. Quatre corps ont été sortis de deux maisons bombardées à Zeitoun, un quartier de la ville de Gaza dans le nord, selon la défense civile. L’armée a annoncé avoir frappé la veille « plus de 50 cibles » à travers la bande de Gaza et mener des « opérations ciblées dans le secteur de Rafah ».

L’offensive terrestre sur Rafah commencée le 7 mai a poussé, selon l’ONU, environ un million de Palestiniens à fuir. Dans les ruines de Khan Younès, des habitants tentaient dimanche d’évacuer les égouts qui ont envahi les tentes plantées entre les squelettes des immeubles. D’autres se frayaient un passage dans des mares d’eau grisâtre encombrées de détritus. « Les eaux usées nous ont submergés », a raconté à l’AFP Abdul Samad Barbakh, un habitant de la ville. « Les moustiques nous piquent, nous et nos enfants, toute la nuit. Il n’y a pas d’eau potable. Il n’y a même pas de vendeur d’eau dans les rues. Il n’y a même pas d’eau de mer », a témoigné un homme, Said Ashour.

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La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent contre le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1.190 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes enlevées durant l’attaque, 121 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l’armée israélienne.

En riposte, Israël a déclaré la guerre au Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 36.439 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

La guerre a aussi envenimé les tensions dans la région. Pendant la nuit de dimanche à lundi, Israël a frappé une usine près d’Alep, dans le nord de la Syrie, y tuant 16 combattants pro-iraniens, syriens et étrangers, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte, médiateurs dans le conflit, ont appelé conjointement samedi « le Hamas et Israël à finaliser l’accord de cessez-le-feu sur la base des principes énoncés par le président Joe Biden ».

Cette feuille de route proposée par Israël prévoit dans une première phase, selon Joe Biden, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Le cessez-le-feu pourrait devenir « permanent » si le Hamas « respecte ses engagements », selon Biden.

Mais Benjamin Netanyahu, sous très forte pression de l’opinion publique et de ses alliés d’extrême droite, a affirmé samedi que les « conditions » pour arriver à un « cessez-le-feu permanent » n’avaient pas changé et comprenaient la « destruction » du mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi que la « libération de tous les otages ». Le Hamas a dit considérer « positivement » la feuille de route mais a aussi réitéré ses exigences d’un cessez-le-feu permanent et d’un retrait total israélien de Gaza.

Dimanche, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, « a salué la volonté d’Israël de conclure un accord et affirmé qu’il incombait au Hamas de l’accepter », lors d’un entretien téléphonique avec le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, selon le département d’Etat.

Dans le territoire assiégé par Israël, frappé par une catastrophe humanitaire majeure, le point de passage de Rafah avec l’Egypte, crucial pour l’acheminement de l’aide internationale, est fermé depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle le 7 mai du côté palestinien. Selon les organisations humanitaires, l’aide qui entre dans la bande de Gaza est insuffisante et n’atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin.

Dans un hôpital de Deir al-Balah, une femme de 33 ans, Amira al-Taweel, raconte qu’elle n’a pas trouvé de lait pour son bébé souffrant de malnutrition. « Youssef a besoin de lait, en plus de son traitement médical, mais il n’y en a pas à Gaza », a confié cette femme à l’AFP, en tenant dans ses bras le petit garçon placé sous perfusion. « Les enfants meurent de faim », a averti samedi la porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé, Margaret Harris.