Le président d’AUI, Amine Bensaid, revient, en marge du Gitex Africa, sur le lancement de nouvelles filières dans le digital pour répondre aux besoins croissants du marché en talents qualifiés sur les technologies disruptives, mais engagés et outillés pour un monde en mutation accélérée.
Après la réussite du pari d’accréditation en tant qu’université conforme aux standards internationaux des universités américaines, quelles sont vos priorités de développement à court terme ?
Notre positionnement en tant qu’université marocaine conforme aux standards internationaux des universités américaines et dotée de la prestigieuse accréditation NECHE, à l’instar d’universités de renom comme Harvard ou MIT, nous pousse à nous focaliser sur deux priorités. La première a trait à notre capacité d’adaptation à la Gen-Z et au rythme d’évolution constante et accélérée du marché de travail.
L’offre de l’Université Al Akhawayn à Ifrane est orientée vers la facilitation de l’accès rapide au marché du travail pour nos lauréats, sur la base de compétences techniques adaptées et un socle de skills forgeant la dimension humaine de l’étudiant(e).
“Ce travail d’épanouissement de notre capital humain vise également à accompagner une mutation de la génération-Z qui est plus motivée par la montée en compétences, par l’impact qu’elle peut avoir, et par le bien-être, que par le souci d’accès au marché uniquement”
Notre seconde préoccupation opérationnelle est d’outiller nos étudiants tout au long de leur cursus universitaire avec un savoir leur permettant d’intégrer une perspective multidimensionnelle et une conscientisation de l’importance d’œuvrer délibérément pour mener une vie sereine et épanouie, et avec des skills à même de leur faciliter cette quête dans leur cheminement post-diplomation.
Cette priorité se base sur l’observation des risques pour la génération-Z associés aux nouvelles technologies et à la grande vitesse de changements dans le monde d’aujourd’hui. Ce travail d’épanouissement de notre capital humain vise également à accompagner une mutation de la génération-Z qui est plus motivée par la montée en compétences, par l’impact qu’elle peut avoir, et par le bien-être, que par le souci d’accès au marché uniquement.
La génération-Z ayant des intérêts et des caractéristiques bien différentes de la génération précédente, l’objectif de notre université est également de jouer un rôle de facilitateur pour une symbiose entre les nouveaux talents (Gen-Z) et les managers et talents expérimentés (souvent de générations précédentes) sur le marché du travail. Le taux d’employabilité de nos lauréats est, dans ce sens, très éloquent puisqu’il varie, dans les filières d’ingénierie, entre 87 et 100% à la sortie de l’Université.
Dans quelle mesure l’école d’ingénieurs de l’AUI s’est adaptée aux mutations du digital pour mettre à jour son offre de formation sur les nouveaux métiers de l’IA et la Big Data ?
Le virage pour l’école d’ingénieurs de l’AUI a démarré à la rentrée universitaire 2020. Cette école forme aujourd’hui quelque 1680 étudiants sur un total de 3750 étudiants, toutes filières confondues. Concrètement, nous avons décidé de lancer simultanément plusieurs nouveaux Bachelors et Masters sur des thématiques disruptives telles que l’intelligence artificielle et la robotique, la Big Data analytics, l’industrie 4.0, le Cloud computing ou encore le mobile software design.
L’objectif de cette démarche de renouvellement de notre offre de formations est destinée à répondre à la demande et aux besoins en ressources qualifiées exprimée par l’écosystème des professionnels du digital aussi bien national qu’international.
D’ailleurs, cette refonte de notre offre de formation a permis une augmentation exponentielle du nombre d’inscrits à notre école d’ingénieurs. Aujourd’hui, le nombre d’étudiants a plus que triplé en passant de 475 étudiants en 2020 à 1680 étudiants à la rentrée universitaire de 2023.
Au-delà de l’approche hermétique entre la Faculté des sciences humaines et sociales et l’Ecole d’ingénieurs ou encore la Business School, dans quelle mesure jetez-vous des passerelles de formation entre ces deux univers disciplinaires distincts y compris en relation avec le digital ?
“La Business School d’AUI a également renforcé ses formations en lançant des spécialités en marketing digital et en “AI and Business Analytics””
Notre approche est transversale ; ceci est dans l’ADN du modèle “liberal arts” américain adopté par l’Université Al Akhawayn dès sa création. Parallèlement au renforcement du catalogue de formation de l’école d’ingénieurs, la Business School d’AUI a également renforcé ses formations en lançant des spécialités en marketing digital et en “AI and Business Analytics” qui intègrent des modules spécifiques en relation avec le marketing digital, l’IA, la Big Data et les Industries 4.0.
Notre Business School capitalise ainsi sur la performance exceptionnelle de ses étudiants dans les spécialités qui marient les disciplines de business avec les disciplines quantitatives et informatiques. En effet, la cohorte 2023 de notre Business School s’est classée dans le top 5% au monde dans la discipline “Quantitative Analysis” et dans le top 6% au monde dans la discipline “Information Systems” parmi les étudiants des 3000 formations de Business dans le monde qui ont participé en 2023 à l’examen MFT (Major Field Test) en Business.
L’objectif est de former des lauréats capables d’avoir un background technique et business, avec différentes combinaisons de spécialités majeures et mineures, selon les affinités de l’étudiant(e) et/ou le besoin de l’employeur, compatible avec la dynamique du marché de l’emploi et la croissance des entreprises sous l’effet des ruptures technologiques comme l’IA et la Big Data.
A cet égard, pour accompagner cette croissance des filières de nos différentes facultés, de nos corps enseignants et nos étudiants, nous avons réceptionné cette année 8 nouveaux bâtiments résidentiels et nous prévoyons l’ouverture de 4 nouveaux bâtiments académiques avec de nouveaux laboratoires et 6 bâtiments résidentiels supplémentaires à l’été 2024, pour être en mesure d’accueillir 5000 étudiants à l’horizon 2026.
L’ouverture et le partenariat avec le secteur privé était toujours un argument d’attrait pour le recrutement des étudiants à AUI. Quelle est votre démarche de partenariat avec le secteur privé à l’ère du télétravail et du nomadisme des employés ?
La grande nouveauté sur ce volet est l’intégration de la composante “expérientielle” dans nos formations. Par exemple, nous avons développé la formule de formation par alternance dès la deuxième année de nos cursus de sorte à permettre aux étudiants le choix de faire le premier semestre à l’université et le second en entreprise.
Nous avons lancé cette formule avec, aujourd’hui, quatorze (14) entreprises partenaires. Nous avons augmenté la dose d’agilité dans ces formations grâce à notre antenne à Casablanca qui permet à nos étudiants de faire ce mix, très tôt, entre la vie active et la formation académique.
Nous avons également innové avec nos partenaires, comme la filiale marocaine de Leyton, Capgemini, Alten, ou encore A&K, chez qui nos étudiants, résidant sur notre campus à Ifrane, sont recrutés en mode télétravail, souvent pour le compte de clients à l’international et ce, parallèlement à leur cursus universitaire.
Actuellement, nous offrons cette formule de télétravail pour nos étudiants avec huit entreprises partenaires. Des négociations sont en cours, également, pour des partenariats de formations développées conjointement avec des multinationales technologiques.
Au-delà de la formation et l’accès au marché du travail, le classement d’une université dépend de ses laboratoires de recherche et les publications de ses chercheurs. Quel est l’état des lieux chez l’AUI sur le volet de R&D ?
AUI se veut être une locomotive d’un enseignement qui valorise l’apprentissage entrepreneurial, le leadership académique et des démarches novatrices et créatives visant à doter les étudiants de la génération Z de compétences transversales leur permettant d’avoir le mindset et les skills adaptés pour générer une valeur ajoutée pour leur entreprise et avoir un impact palpable sur les plans économique et social, y compris à l’échelle internationale.
Cette même vision pragmatique guide notre approche en matière de R&D. Autrement dit, notre focus n’est pas seulement l’augmentation du nombre de nos publications scientifiques. L’enjeu est de développer un écosystème de R&D qui ait un impact réel et concret par rapport aux besoins de notre pays.
A titre indicatif, pour servir notre environnement immédiat, notre R&D s’intéresse à la problématique de l’optimisation de l’eau, de la protection des forêts des incendies, des énergies renouvelables pour vaincre le froid hivernal que vivent nos concitoyens dans les montagnes, de l’impact de l’IA sur l’éducation…
Parallèlement, vu le modèle et l’expérience distinctifs d’AUI, nous avons réussi à décrocher un financement de l’UE en tant que chef de file d’un projet ambitieux d’un million d’euros relatif à l’étude du leadership et de l’innovation dans le domaine de l’enseignement supérieur.
Retrouvez l’intégralité du spécial Gitex Africa 2024 de TelQuel Impact: GITEX.telquel.ma/special