Malgré la pression et un plafond d’attente hors du commun, ils ont été au rendez-vous. Face aux Tanzaniens, ce mercredi 17 janvier au stade Laurent Pokou de San Pedro, les Lions ont rugi avec panache. Vainqueurs 3 buts à 0 dans des conditions climatiques extrêmes, ils ont de nouveau infusé cette magie particulière dans les cœurs et les âmes des Marocains.
Bien sûr, il ne faut pas s’enflammer tout de suite. La compétition sera longue et difficile, mais cette équipe, à chaque foulée de pelouse, a le chic de susciter en nous une émotion rare : la fierté d’être marocain. Leur épopée du Qatar a donné du lustre à notre pays et conféré une singularité au Marocain, devenu identifiable aux quatre coins du monde. Que l’on se décline Marocain en Norvège, en Italie, en Egypte ou au Mali, et la première remarque que l’on reçoit a trait à l’équipe nationale.
« L’urgence et la détermination qu’affichent les poulains de coach Walid forcent le respect »
“Dima Maghrib”, scandent des supporters de toutes nationalités, arborant nos maillots sang et vert. Ces jeunes ambassadeurs du pays émeuvent parce qu’ils se battent comme des gladiateurs sur le terrain, ne lâchant rien à l’adversaire, se sacrifiant pour chaque ballon, mouillant le maillot jusqu’à la dernière minute. L’urgence et la détermination qu’affichent les poulains de coach Walid forcent le respect. Voilà des joueurs valorisés pour la plupart à plusieurs millions d’euros dans leurs clubs, qui risquent tout, mettant en jeu leur intégrité physique, c’est-à-dire leur gagne-pain, pour une raison unique : faire briller les couleurs de leur drapeau et apporter de la joie à leurs compatriotes.
Dans un Maroc qui ambitionne de devenir une puissance qui compte, cet état d’esprit est un accélérateur de développement. A son niveau, chaque Marocain est appelé à épouser ce mode de performance afin que l’objectif collectif devienne réalité. Quel bel exemple d’abnégation, d’excellence et de patriotisme ces Lions lancent à la figure de ceux, nombreux, qui ne voient en ce pays qu’un vulgaire instrument d’enrichissement !
Les Lions sont l’antithèse des corrompus qui défraient actuellement la chronique, hyènes voraces dont l’attachement hypocrite au pays ne se conjugue qu’en milliards de dirhams détournés, volés, accaparés… Les Lions sont l’antithèse d’un secteur privé dépourvu du sens de l’urgence, somnolant, privant le pays d’investissements pourtant essentiels à son développement. Ils sont l’antithèse du laxisme, de la triche, de l’esprit de rente, de l’oisiveté…
Toutes ces choses qui entravent l’éclosion du Maroc. Taclés violemment et de façon scandaleusement répétitive par les Tanzaniens, nos joueurs ont titubé mais se sont remis debout, en dépit de la souffrance, en dépit du risque de blessure grave, synonyme de fin de carrière. Ne jamais rien lâcher. Tenir malgré le supplice. Le faire pour le Maroc, sans rien attendre en retour que de faire rêver, que de doper l’amour de soi des Marocains. A cette lumière, il n’est pas étonnant que cette équipe ait érigé un nouveau mythe fédérateur.
Véritables diffuseurs d’orgueil national, les Lions soudent les rangs de notre société et, plus que n’importe quel autre phénomène, dans un pays en proie aux inégalités, réunissent pauvres et riches, jeunes et vieux, déclinologues et optimistes. Ils nous font croire en nous et nous persuadent que tout est possible. L’empreinte sociologique de cette équipe est tout simplement incommensurable.
Dans son discours du 30 juillet 2023, à l’occasion de la fête du trône, le roi Mohammed VI s’était attardé sur le “sérieux” comme moteur essentiel de développement. “Le sérieux doit constamment définir notre ligne de conduite, dans la vie de tous les jours comme au travail”, avait-il dit. Les Lions de l’Atlas sont la quintessence de ce “mindset”. Puisse-t-il se diffuser massivement à tous les coins et recoins de notre société. C’est ainsi que nos lendemains auront une chance de chanter.