Il ne vous aura pas échappé, les amis, que les relations qui nous lient à la France traversent une période difficile. Un peu comme dans un vieux couple, quand le moindre accrochage fait remonter à la surface des dizaines de griefs enfouis, on voit surgir un peu partout des papiers, des statuts, des communiqués, qui vont de l’agacement à la convulsion, tous hostiles au pays de Darmanin. C’est donc une véritable poussée collective.
Il semblerait que la France, que Dieu l’assiste, ait regroupé contre elle des Marocains très différents, qui ont tous une bonne raison de lui en vouloir
Zakaria Boualem, conformément à sa vocation de documenter ici même nos émois, a décidé de travailler le sujet, et il l’a fait avec la rigueur qui le caractérise. Il a demandé autour de lui, questionné les réseaux sociaux, lu la presse, et interrogé les astres pour comprendre les raisons de notre courroux, et il a compris que l’affaire était complexe. Il semblerait que la France, que Dieu l’assiste, ait regroupé contre elle des Marocains très différents, qui ont tous une bonne raison de lui en vouloir. Voici donc, sans plus attendre, les différentes catégories d’individus qui se déchaînent actuellement.
Pour commencer, de nombreux Marocains trouvent que la France, dans le dossier du Sahara, pourrait faire montre d’un peu plus de soutien à notre cause. Après tout, c’est bien ce qu’on attend de ses amis, n’est-ce pas ? Ensuite, il y a ceux qui sont irrités par le ton de la presse française après le désastre du Haouz. Elle a réussi à transformer un séisme, une catastrophe naturelle donc, en débat un peu débile, en un questionnement susceptible, autocentré autour d’une question lancinante, vexante : comment ces couscoussovores anarchiques vont-ils faire pour s’en sortir sans notre aide ?
Cette catégorie d’individus a été rejointe très vite par ceux à qui on a refusé un visa, au moment où la France estimait judicieux de punir les Marocains pour faire plier leur gouvernement (signe d’ignorance s’il en est). Il y aussi la grande masse des Marocains qui pensent que le français, la langue, ce marqueur social, dispose chez nous d’un statut qu’il faut combattre, à remplacer par ce que vous voulez, l’anglais ou l’amazigh, ce n’est pas la question. Ceux-là étaient prêts à intervenir, ils attendaient juste le coup d’envoi pour exprimer leur mauvaise humeur.
Ajoutez-y ceux qui ont été vexés, on peut les comprendre, par l’acharnement gaulois contre les voiles, les abayas, les burkinis et autres signes de barbarie islamique. Rien ne parvient à freiner l’enthousiasme libidineux que manifeste la France à l’idée de dénuder les musulmanes, c’est prodigieux.
Il est inutile d’insister sur ce point, il a été abondement documenté ici même, il faut juste rappeler, pour situer l’ampleur du délire, que certains, sur une chaîne française, ont considéré que le Maroc devait rendre des comptes à la France au sujet de la présence dans son équipe de football féminine d’une joueuse voilée au cours d’une Coupe du Monde jouée en Australie. C’est une attitude qu’il ne faut pas oublier tant elle était saugrenue.
Au final, ça fait beaucoup de monde, et on ne parle pas de ceux qui sont irrités par le comportement du président français, qui déploie il est vrai un certain génie pour les initiatives malheureuses. Le tout s’emballe dans un certain ras-le-bol pour le ton globalement condescendant de la France, qui irrite, semble-t-il, tout un continent.
Entendons-nous bien, la liste qui précède a été réalisée dans un souci d’apaisement, car Zakaria Boualem sait, en bon matheux, qu’un problème bien posé est à moitié résolu. Mais avant de vous saluer, il voudrait juste préciser qu’en ce qui le concerne, sur le sujet délicat de nos relations à la France, il n’a toujours pas avalé le pénalty non sifflé sur Boufal, et merci.