Le Maroc et la France se connaissent bien. Les relations, anciennes et profondes, ont trouvé depuis de nombreuses années un équilibre basé sur la confiance et l’égalité. “Le Maroc est un pays ami et un partenaire stratégique pour la France”, insistait Emmanuel Macron tout juste élu, lors de son premier déplacement hors d’Europe, à Rabat à l’invitation de Mohammed VI en 2017. À cette amitié s’ajoutent les intérêts communs et les liens du quotidien entre nos deux nations, à travers notamment des millions de binationaux.
Des milliers de personnes affectées
Si, dans toute relation, peuvent surgir des turbulences, l’important est ailleurs. Il se situe dans la loyauté, dans la certitude que l’autre sera bien présent si le besoin s’en fait sentir. Le Cercle Eugène Delacroix regrette qu’aujourd’hui des problèmes, concrets certes, mais aisément surmontables, mettent à mal la qualité des liens entre la France et le Maroc en affectant directement des milliers de Marocaines et de Marocains dans leur rapport à la France.
Le corps consulaire français établi au Maroc, qui réalise un travail considérable, est embarrassé. Les Marocaines et les Marocains qui aiment sincèrement la France sont désabusés
À l’heure des incompréhensions, au regard des intérêts communs et des liens solides, il est temps de se dire les choses et d’avancer. Un des points d’achoppement se trouve dans la question des visas accordés aux ressortissants marocains. Il y a, en effet, peu de gain de la part du ministère de l’Intérieur français à avoir, en septembre 2021, réduit de moitié le nombre de visas octroyés aux ressortissants marocains, en se basant sur l’année 2020, celle du Covid, pour décider du nombre de titres à délivrer.
Cette décision politique de restriction à la circulation pose de sérieux problèmes sur le plan économique, culturel et symbolique. Elle pose des problèmes quotidiens aux étudiants, aux familles, aux travailleurs et autres touristes marocains. Elle pose des difficultés constantes aux acteurs économiques des deux rives et à notre développement économique commun. Elle blesse des Marocains dans leur amour propre, notamment ceux qui remplissent toutes les conditions d’obtention de visa et qui se voient refuser, après des semaines de lourdes formalités administratives, l’entrée sur le territoire français.
Le corps consulaire français établi au Maroc, qui réalise un travail considérable, est embarrassé. Les Marocaines et les Marocains qui aiment sincèrement la France sont désabusés.
Mineurs isolés, migrants… et touristes
Les problèmes liés à la gestion des mineurs isolés et à l’application, plus générale, des OQTF (Obligation de quitter le territoire français) qui sont à l’origine de la décision politique de réduire drastiquement le nombre de visas, doivent rester ce qu’ils sont : des problèmes techniques qui doivent trouver une solution technique ! Le Maroc a exigé un test PCR négatif à toute personne voulant entrer sur son territoire, c’est son droit. Voilà une brèche que beaucoup ont utilisée pour ne pas retourner au pays. Refuser de se soumettre à un test PCR est parfaitement légal au pays des droits de l’Homme.
Alors, quelles solutions pour les Marocains amoureux de la France, qui participent par leur visite au rayonnement de notre pays ? Doivent-ils se tourner vers d’autres partenaires ? L’image de la France, la francophonie, nos relations commerciales et sécuritaires doivent-elles pâtir de cette décision politique ?
Le sujet de la migration prend de plus en plus de place dans le débat français. La présence de plusieurs centaines de milliers de “personnes en situation administrative irrégulière” (toutes nationalités confondues) sur le territoire français est un problème politique sérieux. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, trois candidats de l’extrême droite concouraient à l’élection suprême !
Chaque partie doit faire un pas, qu’importe qui fera le premier. Mais les débats franco-français ne doivent plus avoir comme répercussion politique d’affecter les liens stratégiques entre le Maroc et la France. Comme l’a écrit le Franco-Marocain Tahar Ben Jelloun, “la politique dénature et ruine l’amitié”. Il ne faudrait pas que l’érosion lente de l’amitié franco-marocaine touche à notre commun, à nos projets et à nos intérêts. Ne laissons pas des manœuvres politiciennes altérer notre marche commune vers une intégration régionale en Méditerranée.
Les élus du Cercle Eugène Delacroix, les millions de binationaux, les millions d’amoureux de cette belle amitié franco-marocaine appellent les gouvernements français et marocain à la raison. La politique française des visas doit revenir à la normale, la France est un grand pays, aimé, attendu et espéré au Maroc et à travers le monde.
Le Cercle Eugène Delacroix est une association d’élus de la République dont l’objectif est de promouvoir l’amitié entre la France et le Maroc, à travers notamment des actions de coopération décentralisée. Créée en 2014, elle regroupe plus de 200 élus de tout bord politique.