Le gouvernement du Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe” antiterrorisme, indique un communiqué signé du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation rendu public dimanche soir.
Communiqué #30 du Gouvernement du Mali relatif au retrait du Mali de tous les organes et instances du G5-Sahel y compris la Force conjointe. pic.twitter.com/OzuaEzNqWn
— Ministère des Affaires étrangères du Mali (@MaliMaeci) May 15, 2022
Pour justifier sa décision, le gouvernement malien dénonce l’échec dans l’organisation de sommets au Mali et les manœuvres d’un État extra-régional. Une conférence des chefs d’État du G5 Sahel prévue en février 2022 à Bamako devait “consacrer le début de la présidence malienne du G5”, mais “près d’un trimestre après le terme indiqué” cette réunion “ne s’est toujours pas tenue”, souligne la même source.
Une “instrumentalisation” dénoncée
Bamako “rejette fermement l’argument d’un État membre du G5 Sahel qui avance la situation politique interne nationale pour s’opposer à l’exercice par le Mali de la présidence du G5 Sahel”, sans citer cet État. Selon le gouvernement malien, “l’opposition de certains États du G5 Sahel à la présidence du Mali est liée aux manœuvres d’un État extra-régional visant désespérément à isoler le Mali”.
Le pays accuse ainsi le G5 Sahel de “perte d’autonomie” et d’être victime d’une “instrumentalisation” et d’un “dysfonctionnement grave” de ses organes. Outre le Mali et le Burkina, le G5 Sahel, composé d’environ 5000 militaires, est formé de la Mauritanie, du Tchad et du Niger.
Les coups d’État militaires au Mali et au Burkina Faso, deux des cinq membres de la Force multilatérale antiterroriste G5 Sahel, mettent à mal sa capacité opérationnelle, a récemment estimé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un rapport remis le 11 mai au Conseil de sécurité.
“Je suis profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Sahel, ainsi que par l’effet potentiellement néfaste que la situation politique incertaine au Mali, au Burkina Faso et au-delà aura sur les efforts visant à rendre plus opérationnelle la Force conjointe G5 Sahel”, avait-il dit dans ce document obtenu par l’AFP.
Les cinq pays du G5 Sahel avaient créé en 2014 cette organisation puis lancé en 2017 sa force militaire alors que l’étau des jihadistes se resserrait autour de ces États, aux armées sous-équipées.
Le Mali est le théâtre depuis 2012 d’opérations de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’organisation de l’État islamique, ainsi qu’à des violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits.
Ces violences, parties du nord en 2012, se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Elles ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et africaines.
(avec MAP et AFP)