Le 16 mai 2003, aux alentours de 22 heures, cinq attentats terroristes secouent la plus grande ville du royaume. Un groupe d’une dizaine de jihadistes, issus du bidonville de Sidi Moumen et affiliés à Al-Qaïda, attaque l’hôtel Farah, le club La Casa de España, le restaurant Positano, le siège de l’Alliance israélite ainsi que le cimetière juif.
Quarante-cinq personnes, dont douze kamikazes, sont mortes cette nuit-là. Les attaques ont également fait une centaine de blessés.
Dénoncées unanimement par l’opinion publique nationale et internationale, les attaques ont immédiatement été attribuées par les autorités et de nombreux médias nationaux à des groupes locaux liés au réseau terroriste d’Al-Qaïda.
Dans une cassette sonore attribuée à l’ancien leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, ce dernier déclarait que les “musulmans” devaient “se mobiliser pour se libérer du joug de ces régimes apostats, asservis par l’Amérique”. Parmi les pays cités par ce jihadiste figurait le Maroc.
Malgré l’absence de revendication explicite ou d’implication directe de ce réseau criminel dans les attaques, le mode opératoire procédant par attaques kamikazes, longtemps attribué aux commandos d’Al-Qaïda, nourrissait les soupçons que ce dernier soit à l’origine de ces attentats sanglants.
Guerre antiterroriste
Depuis, le Maroc a déclaré une guerre antiterroriste multidimensionnelle. Désormais, les mouvements salafistes sont l’ennemi juré des services sécuritaires marocains, notamment la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Ainsi, et en moins de trois mois après les attentats, les poursuites judiciaires ont visé plus de 700 suspects.
Côté législatif, la Chambre des conseillers a adopté à l’unanimité, le 27 mai 2003, un projet de loi contre le terrorisme, le premier dispositif légal en la matière au Maroc. Ce texte de loi, jugé “restreint” par plusieurs défenseurs des droits humains, était inspiré par certaines des dispositions de la législation antiterroriste française, “elle-même éminemment critiquable”, selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FILDH).
“Les groupes terroristes cherchent sans cesse à avoir un point d’appui au Maroc”
En juillet 2003, le patron de la DST, Hamidou Laânigri, prenait la tête de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), succédé deux ans plus tard par le spécialiste de la Salafiya Jihadiya, Abdellatif Hammouchi. Âgé alors de 39 ans, il devint le plus jeune chef d’un service de renseignement que le royaume ait jamais connu.
En 2015, le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), rattaché à la DGST, est fondé. Depuis sa création, il a démantelé près d’une centaine de cellules terroristes.
“Grâce à la stratégie nationale adoptée par le Maroc en matière de lutte contre le terrorisme au lendemain des attentats du 16 mai 2003, à Casablanca, basée sur l’anticipation, les services sécuritaires demeurent vigilants, confiait à TelQuel en janvier dernier le nouveau patron du BCIJ, Habboub Cherkaoui. Pour autant, il est indéniable que la menace terroriste plane encore sur le royaume à l’instar des autres pays du monde. (…) Les groupes terroristes cherchent sans cesse à avoir un point d’appui au Maroc”.