L’idée faisait son chemin depuis leur conférence de presse début décembre dernier, suivie de l’assemblée générale des cinq associations représentatives des médecins libéraux un mois plus tard. Ce jeudi 20 janvier, les médecins du secteur libéral ont mis leurs menaces à exécution en entamant une grève nationale, sans en préciser la durée ni la périodicité.
Cette première bronca des médecins libéraux se fait en protestation contre le décret 2.21.290 adopté en avril 2021 sous le gouvernement Saâd-Eddine El Othmani. Mis en place dans le cadre du chantier royal de la généralisation de la protection sociale, le texte avait situé le montant des cotisations à un taux équivalant à 4 fois le SMIG pour les médecins généralistes et à 5,5 fois le SMIG pour les médecins spécialistes.
“Inéquité”
Excepté les services d’urgences qui continueront sans interruption, cette grève concerne tous les professionnels affiliés au Collège syndical national des médecins spécialistes du secteur privé (CSNMSP), au Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), au Syndicat national de médecine générale (SNMG) ou encore à l’Association nationale des cliniques privées (ANCP).
À travers la Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du Maroc (FNSMDM), les chirurgiens-dentistes se sont aussi joints à la grève nationale. Leurs cotisations sont de l’ordre d’au moins 3 fois le SMIG quand ils exercent depuis moins de 5 ans et depuis plus de 35 ans. Ce montant est porté à 4 fois le SMIG pour les dentistes exerçant depuis 5 à 35 ans.
Ces associations protestent contre l’“inéquité” dans la fixation du montant des cotisations. Résumées dans un cahier revendicatif en sept points, leurs doléances concernent la mise en place d’une “couverture médico-sociale juste et équitable pour tous les médecins du secteur médical libéral”, mais aussi la renégociation des conventions signées avec des organismes comme la CNSS, la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) et l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM).
Les revendications concernent aussi l’application des conventions signées en janvier 2020 avec la CNSS ainsi que la revalorisation de la tarification nationale de référence, et la mise en place d’un parcours de soins coordonné. Elles se résument aussi à la reconnaissance du secteur médical privé comme un secteur privé et à la mise en place d’une couverture médicale et sociale spécifique aux médecins libéraux.
Il serait néanmoins difficile pour les médecins du privé d’obtenir la révision du taux de cotisation. En amont de la mise en place de la généralisation de la couverture sociale, les négociations entre le ministère de tutelle et les médecins libéraux avaient fixé les montants de cotisation à 13 fois le SMIG pour les spécialistes et 6 fois le SMIG pour les généralistes. Après plusieurs atermoiements, les montants actuels ont été décidés d’un commun accord entre les deux parties.
Après avoir constaté que d’autres professions libérales avaient obtenu, par négociation, un taux plus avantageux, les médecins libéraux souhaitent désormais renégocier le montant fixé pour leur corporation. La fixation d’un nouveau taux pour les médecins indépendants doit être validée par un décret rectificatif du gouvernement Akhannouch.
Sans réponse du gouvernement à leurs revendications, les cinq associations envisagent d’autres grèves à venir dans tout le royaume.