Scandale “fellation contre validation” à l’ENCG Oujda : le professeur nie, mise en place d’une cellule d’écoute

L’ENCG Oujda se retrouve à son tour dans le viseur d’étudiantes qui dénoncent le harcèlement sexuel de la part d’un de leurs professeurs. Une manifestation est en cours devant l’établissement, et le directeur de l’école, Belkassem Amamou, a déjà pris des mesures.

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Image d'illustration. Crédit: AFP

Un #MeToo universitaire en vue ? Dans la soirée du lundi 27 décembre, un compte Twitter a partagé des captures d’écran de conversations entre un professeur assistant à l’École nationale de commerce et de gestion d’Oujda (ENCGO) et une de ses étudiantes.

Au menu, un chantage “séance de fellation” contre “validation” de l’année en cours. “L’administration est dans ma poche chérie”, précise le professeur, en réponse aux réticences de la jeune femme.

TelQuel a recueilli le témoignage d’une deuxième étudiante. Captures d’écran et vidéo à l’appui, il s’agit bien du même compte Facebook qui harcelait la première jeune femme. Dans cet échange sur Messenger, le professeur reproche à son étudiante de ne pas répondre à ses avances.

Une lettre anonyme est également parvenue au compte instagram ENCGLAND, faisant allusion au même professeur :

 

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Contacté par TelQuel, le professeur dénonce une campagne de diffamation et nie être l’auteur de ces messages. “Je n’ai jamais fait de chantage à mes étudiantes”, commence-t-il. “Je ne suis pas les réseaux sociaux. On est dans un métier un peu compliqué, vous savez. Je vais déposer une plainte pour diffamation, et on verra”, poursuit celui qui assure n’avoir jamais demandé de fellation. “C’est pire que du chantage ça !

Son compte Facebook a entre-temps été désactivé.

Onde de choc

L’Association des étudiants de l’ENCG (ADE ENCG Oujda) a partagé un communiqué conjoint avec l’ENCGO Alumni dénonçant “toute forme de discrimination et de harcèlement sexuel” autant que “toute forme de diffamation”. Les deux organismes invitent l’administration à “accélérer l’enquête et confirmer ou infirmer le contenu du message” anonyme, en veillant à “préserver la dignité des étudiants, lauréats et professeurs”.

Une affaire rapidement relayée par @7achak.maroc. Le compte Instagram aux 40.000 abonnés a lancé un “appel à l’aide” le soir même.

 

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Manifestation en cours

Des accusations prises au sérieux par l’administration de l’ENCG Oujda, tandis qu’une manifestation se tient actuellement devant l’établissement.

 

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“Nous allons constituer une commission composée exclusivement de femmes pour protéger les noms des étudiantes, et y intégrer une avocate”

Belkassem Amamou, directeur de l’ENCG Oujda

Belkassem Amamou, le directeur de l’école, annonce à TelQuel avoir immédiatement demandé la création d’une commission : Au niveau de l’université, nous mettons en place une plateforme où les étudiants pourront déposer leurs doléances. Nous allons constituer une commission composée exclusivement de femmes pour protéger les noms des étudiantes, et y intégrer une avocate pour que cela passe aussi dans le circuit juridique. Et de confirmer que, pour l’heure, le professeur en question réfute les accusations : Il dit qu’il va porter plainte cet après-midi, que ce sont de pures allégations pour lui nuire.

Le directeur de l’ENCG Oujda, qui dit ne jamais avoir recueilli de plaintes d’étudiantes concernant ce professeur, tient à libérer la parole pour préserver la confiance dans les universités marocaines : “Je vais remettre le dossier à qui de droit, pour que les établissements soient respectés.”

(mise à jour) En fin de journée, un communiqué de l’Université Mohammed Ier, dont dépend l’ENCG Oujda, a été diffusé. “L’université, avec toutes ses composantes, dénonce ce comportement indigne, comme elle dénonce tout ce qui porterait atteinte à la réputation de l’université”, mentionne le document. Et de préciser qu’une cellule d’écoute sera effectivement mise en place, pour une assistance psychologique et juridique.

En pleine affaire “Sexe contre bonnes notes” à l’Université de Settat, dont le procès se tient aujourd’hui même, les établissements de l’enseignement supérieur se retrouvent confrontés à une libération de la parole sur les réseaux sociaux et dans la presse. Un début d’effet domino ?

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