Le royaume confirme son engagement en faveur de transports moins polluants. À deux jours de sa clôture, la COP26 a tenu ces 9 et 10 novembre des discussions spécifiques sur la transition du secteur des transports vers des émissions nulles. Une première depuis la création de ce rendez-vous annuel sur le climat.
Un agenda sur lequel s’est positionné le Maroc en donnant son aval à trois initiatives à mener pour contrôler les émissions mondiales provenant de ce secteur qui représente près de 30 % des émissions de CO2. Un chiffre en constante augmentation depuis 1990 et amené à tripler dans moins de dix ans sans actions concrètes.
Premier et non des moindres, le Maroc vient de parapher, ce 10 novembre, une déclaration commune dans laquelle il s’engage à faire avancer des “actions ambitieuses” pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2).
Un texte cosigné par 18 pays seulement, dans le but de favoriser les investissements et la recherche dans les carburants durables d’aviation. Les deux autres textes, signés par le chef de division de la mobilité électrique du ministère des Transports, sont en faveur de la création de corridors verts maritimes et l’accélération de l’adoption de véhicules à zéro émission.
Aviation zéro carbone, une équation compliquée
La déclaration signée par la direction générale de l’aviation civile, entité passé désormais sous tutelle du ministère des Transports, vise à “promouvoir le développement et le déploiement, par le biais de mesures internationales et nationales, de nouvelles technologies aéronautiques innovantes à faible et zéro carbone qui peuvent réduire les émissions de CO2 de l’aviation”.
Cela devrait très certainement passer par un carburant d’aviation plus durable, notamment produit à partir d’huiles végétales ou de plantes, voire d’avions à motorisation alternative (électrique ou hydrogène). Une équation compliquée tant la filière n’en est qu’à ses balbutiements.
D’après une étude de l’ONG International Council on Clean Transportation (ICCT) parue en 2020, le transport de passagers par des avions commerciaux a représenté 785 millions de tonnes de CO2 en 2019, une augmentation de 192 millions de tonnes de CO2 par rapport à 2013.
Côté marocain, le transporteur national a déjà fait part de son engagement à atteindre zéro émission carbone d’ici 2050. La Royal Air Maroc ainsi que 295 autres compagnies aériennes se sont fixé cet objectif.
Dans un entretien à Médias24, en marge de l’assemblée générale de l’Association internationale du transport aérien (IATA) début octobre dernier, le PDG de la RAM Abdelhamid Addou expliquait que les compagnies aériennes, “y compris la nôtre”, travaillaient à remplacer “progressivement” les réacteurs traditionnels par des moteurs à hydrogène. Et de préciser que le secteur aérien ne représentait que 2 % à 3 % du total des émissions de gaz à effet de serre.
Des corridors verts pour le transport maritime
Le royaume a également paraphé la déclaration de Clydebank, un texte qui regroupe à l’heure actuelle 22 signataires et dont l’objectif est de mettre en place “au moins six corridors verts d’ici le milieu de cette décennie”.
Le Maroc y est le seul pays africain engagé, aux côtés de pays tels que les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, le Danemark, le Canada et bien sûr, le Royaume-Uni.
Le texte définit différentes manières de soutenir les routes maritimes à zéro émission, notamment en établissant divers partenariats entre les ports et les opérateurs, et en accélérant la décarbonation du secteur maritime et son approvisionnement en carburant.
Également fortement polluant, le transport maritime, du fait de ses longues distances, représentait 2,89 % des émissions mondiales de CO2 en 2018, contre 2,76 % en 2012. C’est ce qu’a souligné une étude de l’Organisation maritime internationale en août 2020, révélant que les navires avaient produit un milliard de tonnes de CO2 en 2018.
Un “travail intense” sur le volet automobile
Dernier volet, l’accord sur l’automobile était particulièrement attendu au niveau de la présidence britannique de la COP qui avait fait de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur l’une de ses priorités.
Considéré comme le “strict minimum” par de nombreux observateurs, un accord a été signé par une trentaine de pays et une dizaine de constructeurs automobiles qui se sont engagés à mettre progressivement un terme à la production de véhicules thermiques dans le monde d’ici à 2040. Les places automobiles fortes telles que la Chine, les États-Unis, la France, l’Allemagne ou encore la Corée du Sud n’y ont pas apposé leur signature.
Le Maroc, lui, ne s’est engagé que sur l’un des points et non l’accord en entier. En tant que pays émergent, il assure “travailler intensément” pour accélérer l’adoption de véhicules à zéro émission. Un texte qui n’est en aucun cas contraignant. À l’instar d’autres pays, tels que l’Inde, le Rwanda ou la Turquie, il appelle les pays dits “développés” à renforcer la collaboration et l’offre de soutien international “pour faciliter une transition mondiale, équitable et juste”.