Covid-19 : pour l’ONU, le monde doit entrer en “économie de guerre”

Le chef de l’ONU Antonio Guterres a appelé le monde à aller au-delà de la solidarité et entrer en “économie de guerre” contre la pandémie de coronavirus, à l’ouverture de l’Assemblée mondiale de la santé ce 24 mai, au moment où l’Inde devient le troisième pays à franchir le seuil des 300.000 morts.

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António Guterres, secrétaire général de l’ONU. Crédit: France24

Nous sommes en guerre contre un virus. Nous avons besoin de la logique et de l’urgence d’une économie de guerre”, a déclaré Antonio Guterres devant la réunion annuelle des membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévue en ligne jusqu’au 1er juin à Genève.

Le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a pour sa part souhaité que 10 % des habitants de chaque pays soient vaccinés d’ici septembre, déplorant qu’un “petit groupe de pays” accapare les vaccins.

Décès directs et indirects

La pandémie, aux origines toujours questionnées, a fait officiellement plus de 3,45 millions de morts dans le monde, un chiffre qui pourrait aller selon l’OMS jusqu’à “environ 6 à 8 millions” de décès directs et indirects.

“Les plus vulnérables sont ceux qui souffrent le plus, et je crains que ce soit loin d’être terminé”

Antonio Guterres, SG de l’ONU

Et “quelque 500 millions d’emplois ont été détruits ; des milliers de milliards de dollars ont été soustraits des bilans d’entreprises, a souligné M. Guterres. Les plus vulnérables sont ceux qui souffrent le plus, et je crains que ce soit loin d’être terminé.

Le chef de l’ONU a demandé au G20 d’installer un groupe de travail des acteurs clés pour les vaccins, avertissant que de nouvelles flambées pourraient “ralentir la reprise économique mondiale” si le virus continuait à circuler et muter dans les pays pauvres.

Soutien aux pays pauvres

Vendredi, lors d’un sommet sur la santé à Rome organisé par la présidence italienne du G20 et la Commission européenne, les principaux producteurs de vaccin, les pays du G20 et le Fonds monétaire international (FMI) se sont engagés à accélérer la vaccination des pays pauvres.

Funérailles d’une personne décédée du Covid-19, le 11 mai 2021 à New Delhi.Crédit: Prakash Singh / AFP

L’Inde, où le coronavirus fauche selon nombre d’experts bien plus de vies qu’annoncé officiellement, est devenue le troisième pays au monde à dépasser les 300.000 morts du Covid après les États-Unis et le Brésil, avec plus de 26,7 millions de contaminations.

Le Japon, qui affronte une quatrième vague de contamination, ouvre lundi ses premiers vaccinodromes pour accélérer sa campagne de vaccination à la lenteur très critiquée, à moins de deux mois des Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août). Tout juste 2 % de sa population a reçu les deux doses de vaccin, contre 40 % aux États-Unis ou 15 % en France.

Vers un pass sanitaire européen

L’Union européenne, aux frontières extérieures fermées depuis mars 2020 pour les voyages “non essentiels”, devrait établir le 9 juin la liste des pays extra-européens dont les ressortissants totalement vaccinés, avec des sérums autorisés au niveau européen, pourront entrer librement dans le cadre du pass sanitaire sur lequel les 27 se sont mis d’accord mercredi.

À cette liste “verte” s’ajouteront des listes plus limitatives “orange” et “rouge”. Cette dernière inclut actuellement le Brésil, l’Argentine et l’Inde.

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Quant au Royaume-Uni, la France réfléchit à des mesures restrictives liées à la circulation du variant indien qui a déjà poussé l’Allemagne à imposer depuis dimanche des restrictions aux voyageurs venant de ce pays avec une quarantaine de deux semaines.

L’Espagne, elle, déroule le tapis rouge aux touristes britanniques, accueillis dès lundi sans tests PCR, tout comme ceux venus d’Australie, Chine, Corée du Sud, Israël, Japon, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Singapour, Thaïlande, Hong Kong et Macao. Emboîtant le pas à la Grèce, l’Espagne compte accueillir, à partir du 7 juin, “toutes les personnes vaccinées” indépendamment de leur pays d’origine.

Un impact majeur 

La stratégie anti-virus du Premier ministre britannique Boris Johnson dans le pays le plus endeuillé d’Europe (plus de 127.000 morts) a été étrillée samedi par son ex-conseiller Dominic Cummings, à trois jours d’une audition devant une commission parlementaire.

Après l’Europe (1,12 million de décès), l’Amérique latine et les Caraïbes ont dépassé à leur tour le million de décès vendredi. Les États-Unis et le Canada comptent 614.898 décès, l’Asie 443.497, le Moyen-Orient 140.211, l’Afrique 128.250 et l’Océanie 1.094.

Israël envisage de lever toutes les restrictions sanitaires sur son territoire à partir du 1er juin, pour la première fois depuis l’apparition du virus.Crédit: Menahem Kahana / AFP

L’Argentine a entamé samedi un reconfinement total pendant neuf jours. Au Brésil, le président Jair Bolsonaro, casqué mais sans masque, a pris la tête dimanche d’un cortège de manifestants à moto à Rio de Janeiro. Vendredi, il s’est vu infliger une amende par l’État du Maranhao (Nord-Est) à cause d’un bain de foule sans masque.

Au Proche-Orient, Israël envisage de lever toutes les restrictions sanitaires sur son territoire à partir du 1er juin, pour la première fois depuis l’apparition du virus. Les restrictions imposées aux voyageurs à l’entrée demeureront et pourraient même être renforcées à cause des variants.