Les raisons de la crise Maroc-Espagne résumées en dix points par la MAP

L’alliance économique stratégique entre le Maroc et l’Espagne a été reléguée au second plan suite à l’accueil par Madrid du chef du Polisario et le déclenchement de la crise migratoire à Sebta. La MAP fait le point.

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La ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Gonzales Laya et son homologue Nasser Bourita en conférence de presse à Rabat, le 24 janvier 2020. Crédit: Fadel Senna / AFP

Après avoir gardé le silence durant les premières heures de la crise migratoire entre le Maroc et l’Espagne, l’agence officielle Maghreb Arabe Presse (MAP) vient de publier une seconde analyse de la brouille diplomatique entre les deux royaumes, après la tribune de son directeur, Khalil Hachimi Idrissi, diffusée le 19 mai. 

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Cette fois, la MAP résume en dix points la détérioration de la situation depuis plusieurs semaines.

La crise en dix points

“Le Maroc et l’Espagne traversent une crise ouverte que les responsables ibériques ont choisi d’aggraver, en enchaînant les bourdes, pour le moins inamicales, les faux-semblants et les ambiguïtés”, écrit la MAP, avant d’avancer dix clés pour comprendre la montée en tension entre les deux pays :

• Le choix délibéré de l’Espagne d’accueillir le chef des milices séparatistes du Polisario, Brahim Ghali, poursuivi pour meurtre, torture, viol, actes de terrorisme, utilisation d’enfants soldats et autres crimes et violations graves des droits humains.

• Le délit de faux et usage de faux, clairement établi dans cette affaire. Le dénommé Brahim Ghali est entré en Espagne sous une fausse identité algérienne (Mohamed Benbatouch) et avec des papiers falsifiés pour échapper à la justice espagnole.

• L’Espagne n’a pas pris la peine d’informer le Maroc de l’entrée sur son territoire de Brahim Ghali, portant un coup dur aux relations de bon voisinage et d’amitié et à l’esprit de partenariat “stratégique” censé lier les deux pays.

• L’Espagne a fait le choix délibéré de la connivence claire avec un régime militaire algérien finissant, dont les tentatives de créer des troubles dans les relations maroco-espagnoles ne sont pas rares.

Frontière de Sebta, le 18 mai 2021. “Le Maroc refuse de jouer le rôle de gendarme de l’Europe pour le contrôle de l’immigration clandestine”, écrit la MAP.Crédit: Fadel Senna / AFP

• En accueillant un repris de justice notoire, l’Espagne fait preuve de déni des droits des victimes des graves violations commises par Brahim Ghali. L’application de la loi et la préservation des droits des victimes ne sauraient, pourtant, se faire sur la base de deux poids deux mesures ni souffrir d’aucun double standard.

• Le silence complice des autorités espagnoles sur une affaire aussi grave que celle de l’accueil d’un criminel de guerre interpelle au plus haut point. Une complicité qui ne cesse de soulever la stupéfaction, l’inquiétude et l’indignation des forces vives des deux rives de la Méditerranée.

• L’attitude du gouvernement espagnol actuel porte atteinte à une alliance stratégique et à une coopération multidimensionnelle avec le Maroc. Un comportement incompréhensible et regrettable qui met à mal un partenariat bâti sur de longues années.

• Fort de ses nombreux acquis et de son statut en tant que partenaire fiable, le Maroc refuse de jouer le rôle de gendarme de l’Europe pour le contrôle de l’immigration clandestine. Le royaume, qui est devenu un pays d’accueil, a choisi souverainement de mettre en place une politique migratoire volontariste et à visage humain.

• Le Maroc, dont les efforts sont reconnus par la communauté internationale et l’ONU pour le règlement du dossier du Sahara, a le droit de demander à ses partenaires de clarifier leurs positions. Le temps n’est plus à l’ambiguïté, à l’ambivalence et au double-jeu.

• La reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara a mis dans une position difficile certains partenaires du royaume appelés à trancher leur position, à faire leur examen de conscience et à aller dans le sens de l’histoire.