Tension et incompréhension. En réaction à la décision marocaine de rappeler Lalla Zohour Alaoui, son ambassadrice à Berlin, le ministère allemand des Affaires étrangères a fait part de son étonnement, le jeudi 6 mai, expliquant qu’il n’avait pas été informé à l’avance de la décision prise par le royaume.
“Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous faisons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise”, a déclaré un responsable du ministère à Reuters.
L’Allemagne attend des explications
D’après l’agence de presse, la décision a été d’autant plus incomprise que la diplomatie allemande ne comprend pas les accusations contenues dans le communiqué émanant du département de Nasser Bourita. Des “explications” auraient été demandées à la partie marocaine, selon la même source.
Plus tôt dans la journée, le Maroc avait annoncé le rappel de son ambassadrice à Berlin pour consultation après avoir listé et dénoncé plusieurs “actes hostiles” et “attentatoires” de l’Allemagne à l’encontre des “intérêts supérieurs du royaume”.
Parmi eux, le ministère des Affaires étrangères marocain dénonce l’“activisme antagonique” de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ou encore “l’acharnement continu” de l’Allemagne “à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen”.
Un ex-détenu youtubeur au cœur de la brouille
Le royaume avait déjà décidé de “suspendre tout contact” avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc, le 1er mars, selon une lettre émanant du ministre des Affaires étrangères et adressée au Chef du gouvernement qui avait fuité dans la presse. Des “malentendus profonds” sur plusieurs dossiers avaient alors été avancés.
Au lendemain du rappel d’ambassadeur — une procédure diplomatique considérée comme forte — , la décision marocaine ne semble pas avoir été reçue comme une onde de choc en Allemagne. Jusqu’à présent, peu de personnalités politiques allemandes ou de médias ont réagi.
La version numérique de l’hebdomadaire The Spiegel a néanmoins publié un article titré “Comment un youtubeur alimente la crise entre l’Allemagne et le Maroc”, faisant ainsi le portrait de Mohamed Hajib, ex-détenu au Maroc pour des accusations de terrorisme entre 2010 et 2017 et résidant désormais en Allemagne, à Duisbourg. Ce Germano-marocain natif de Tétouan, âgé de 40 ans, diffuse des vidéos-live critiques à l’encontre des autorités sur ses réseaux sociaux.
Sans que son nom soit explicitement cité dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères accuse les autorités allemandes de “complicité à l’égard d’un ex-condamné (Mohamed Hajib) pour des actes terroristes, notamment en lui ayant divulgué des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains”.