Depuis Dakhla, Bourita dit les vérités du Maroc sur le Sahara et pointe les responsabilités de l’Algérie

Lors d’une conférence de presse tenue à Dakhla, le ministre des Affaires étrangères a expliqué le retard de la nomination du nouvel envoyé personnel de l’ONU pour le Sahara, tout en réclamant de l’Algérie une implication franche dans la résolution du conflit du Sahara.

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Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Crédit: MAP

Nasser Bourita est en mission. Alors que le Polisario a récemment réclamé une intégration de la RASD à l’ONU et que la communauté internationale se montre davantage pressante sur la désignation d’un nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, le diplomate a tenu à dire ses vérités depuis Dakhla, où il participait ce lundi 5 avril à l’inauguration du nouveau consulat général du Sénégal.

La sortie du ministre des Affaires étrangères intervient deux jours après des déclarations de son homologue algérien Sabri Boukadoum. Devant les médias, le chef de la diplomatie algérienne avait évoqué le conflit du Sahara et a demandé la mise en place de “négociations directes et sérieuses, entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario”, en l’absence de la nomination d’un envoyé personnel de l’ONU, que l’Algérie juge insuffisante.

“C’est à croire que ce dossier est la raison d’être de la diplomatie algérienne”

Nasser Bourita

Nasser Bourita a tenu à répondre directement à son homologue algérien. “Mon homologue algérien a parlé de beaucoup de sujets (sur le Sahara, ndlr). C’est à croire que ce dossier est la raison d’être de la diplomatie algérienne. Pour la première fois, je suis d’accord. Il est nécessaire que les deux parties véritablement impliquées dans ce dossier s’assoient à la table de négociation. Il s’agit clairement du Maroc et de l’Algérie. L’Algérie est partie au conflit et elle le prouve au quotidien, que ce soit à travers des déclarations, des prises de position ou des décisions”, a-t-il déclaré. Un discours qui n’est pas sans rappeler celui prononcé par le ministre des Affaires étrangères sur les ondes nationales lors de tensions liées au dossier du Sahara en 2018.

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Mais près de deux ans après le départ de Horst Köhler, l’ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, un dialogue aussi direct est peu envisageable. Pourtant, le Maroc a déjà par le passé approuvé un candidat à la succession de l’ancien président allemand. C’est du moins ce qu’a révélé Nasser Bourita à Dakhla.

“Il faut donc se poser la question : qui empêche la nomination d’un nouvel envoyé personnel ?

Nasser Bourita

Il faut se poser la question de qui ralentit le processus politique (mené par l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, ndlr). Le Maroc a adhéré à la proposition du secrétaire général dans ce sens. Qui ralentit le processus politique si ce n’est le Maroc ? La position du Maroc a toujours été claire dans ce sens. Les propositions du secrétaire général sont toujours étudiées par le Maroc. Il faut donc se poser la question : qui empêche la nomination d’un nouvel envoyé personnel ?”, a déclaré Nasser Bourita tout en assurant que pour le Maroc, la résolution du conflit du Sahara par un processus politique est indispensable. Le ministre a également accusé l’Algérie de fournir le Polisario en armes et de provoquer la rupture du cessez-le-feu.

Pour le ministre, des clarifications sont également nécessaires au niveau des instances internationales. “Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent mettre fin à une confusion entre qui protège le cessez-le-feu et qui a entraîné sa rupture”, a estimé le diplomate, en référence, sans doute, au blocage de la zone tampon au niveau de Guerguerat par des éléments du Polisario. “Qui facilite la mission de la Minurso (la Mission de l’ONU pour le Sahara, ndlr) et qui l’en empêche ?”, s’est encore demandé, de manière oratoire, le ministre des Affaires étrangères avant d’ajouter que la communauté internationale devra “définir les responsabilités de manière claire”.

La sortie de Nasser Bourita a lieu près de deux semaines avant la tenue de consultation sur le dossier au Sahara au niveau du Conseil de sécurité. Il ne s’agit là que d’une consultation puisque les discussions en profondeur sur le dossier devraient normalement avoir lieu au mois d’octobre, à l’approche de la fin du mandat de la Minurso prévue pour le 30 octobre prochain.