Je suis surpris par l’énergie et le temps que consacre l’Algérie à la question du Sahara marocain. C’est presque devenu la question prioritaire nationale de l’Algérie”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita à l’issue du 34e Sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu par visioconférence les 6 et 7 février.
“On a vu, au cours des dernières semaines, comment toutes les institutions algériennes se sont mobilisées. On a compté presque une cinquantaine de déclarations de la présidence de la République, du porte-parole du gouvernement, du Premier ministre, de la diplomatie algérienne, de l’armée algérienne. Même au niveau religieux, l’Algérie a mobilisé”, a insisté le ministre.
“Est-ce que la question du Sahara marocain est la priorité des priorités de l’Algérie, plus que les questions qui concernent l’Algérie et les Algériens ?
Le 17 décembre dernier lors de la prière du vendredi, le ministère algérien a demandé aux imams des mosquées de consacrer le prêche à la normalisation des relations maroco-israéliennes et la reconnaissance par Trump de la souveraineté du royaume sur le Sahara.
“C’est une contradiction entre un discours qui présentait ce pays comme un pays observateur, un pays neutre, un pays qui ne défend que des principes, et une réalité où l’on voit la question du Sahara marocain placée comme la cause nationale algérienne”, a poursuivi Bourita.
Pour le ministre, tout cela doit d’abord interpeller les Algériens : “Est-ce que la question du Sahara marocain est la priorité des priorités de l’Algérie, plus que les questions qui concernent l’Algérie et les Algériens ? Ça doit interpeller l’Algérie par rapport à cette contradiction entre un statut dont elle se revendique, et une réalité où elle est un véritable acteur de ce dossier.”
Aucune mention du Sahara
Au cours de cette réunion, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a été désigné pour un an nouveau président de l’Union africaine en remplacement du président sud-africain Cyril Ramaphosa. L’ex-Premier ministre tchadien Moussa Faki Mahamat a quant à lui été réélu pour un mandat de quatre ans à la présidence de la Commission de l’Union africaine.
Ce sommet a surtout été consacré à la pandémie de Covid-19 et à la réponse des pays africains. “Nous avons décidé des actions à prendre, telles que la mise en œuvre effective de la stratégie continentale commune, le renforcement du fonds africain pour le Covid-19, une plateforme africaine pour l’acquisition de matériels médicaux, et l’accélération des tests Covid”, a annoncé Félix Tshisekedi.
Nasser Bourita a rappelé le rôle de leader du royaume dans la réponse africaine à la pandémie “avec les dons aux pays africains en ce qui concerne le matériel médical et de protection, dont ont bénéficié 21 pays”.
Le sommet de l’UA est aussi revenu sur les questions sécuritaires en Afrique, dont la Libye. “Le Congo-Brazzaville, qui préside le mécanisme africain du suivi du dossier libyen, a demandé au Maroc de rejoindre ce mécanisme, ce que nous avons accepté”, a déclaré Bourita.
Pas de mention par contre sur la question du Sahara, malgré des tentatives de l’introduire dans l’agenda du sommet, d’après le ministre. “La cause nationale n’a pas été citée ni dans les rapports ni dans les décisions, ce qui confirme la nouvelle orientation de l’UA : la question du Sahara marocain est traitée au niveau de l’ONU”, s’est félicité Nasser Bourita.