Othman El Ferdaous : “La culture est le troisième secteur le plus touché par la crise”

Devant la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la première chambre, le ministre de la Culture est revenu sur la polémique autour du programme d’aide aux arts. Dans ce dossier, il concède “une erreur de communication”, mais défend bec et ongles le soutien du ministère à un secteur sinistré.

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Othman El Ferdaous à la Chambre des représentants. Crédit: MAP

Othman El Ferdaous a répondu, ce mercredi 21 octobre, aux questions des membres de la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la première chambre. Le ministre de la Culture est revenu sur la tempête qu’a provoqué le dévoilement des listes de bénéficiaires du programme de soutien aux arts (théâtre, musique et arts plastiques), admettant “un problème de communication” autour de ces aides.

Il s’agit d’une opération de soutien à des projets culturels et non d’une aide directe. Le problème, c’est que les listes publiées sur le site du ministère ne comprennent que les noms des bénéficiaires et les sommes allouées. Il est naturel que le citoyen pense qu’il est question d’aides directes”, a expliqué le ministre. 

Le jour de la publication des listes des bénéficiaires, j’aurais dû tenir une conférence de presse pour expliquer le pourquoi du comment de la chose, a-t-il poursuivi. Donc j’endosse la responsabilité politique de cette erreur de communication.

Une question d’équilibre

Le ministre a détaillé les mécanismes d’octroi de ces aides : “Les conditions d’éligibilité étaient claires et précisées dans un cahier des charges publié en juin dernier. Le choix s’est opéré selon la qualité de chaque projet soumis et c’est un point important. Il fallait un équilibre entre la qualité et le contexte social de l’artiste. Cet équilibre invoque ainsi la politique culturelle du pays.

“Il fallait un équilibre entre la qualité et le contexte social de l’artiste”

Othman El Ferdaous, ministre de la Culture

Othman El Ferdaous a d’ailleurs démenti avoir établi une liste préliminaire des bénéficiaires : “C’est faux! Il y a eu trois commissions indépendantes qui ont étudié les dossiers soumissionnés”, a-t-il assuré avant d’insister sur la procédure de soutien : “Si on soutient des projets culturels, on soutient des investissements culturels (…) Il y a aussi un suivi des projets soutenus avec documents à l’appui, et l’octroi de la deuxième tranche de 50 % est conditionné par ces documents.

“L’aide à la culture est primordiale !”

Quant aux répercussions de la pandémie sur les milieux culturels, le ministre le dit et le répète : “Les acteurs culturels sont particulièrement touchés par la crise sanitaire. Selon les chiffres de la CGEM, les transactions des secteurs culturels et artistiques au Maroc ont régressé de 60 %. C’est le troisième secteur le plus touché par la crise au pays et il lui faudra du temps pour se rétablir.”

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Face à ceux qui se sont emportés contre ce programme de soutien aux arts en pleine crise, Othman El Ferdaous est catégorique : “L’aide à la culture est primordiale!” D’autant plus que l’arrêt total des activités culturelles, notamment celles liées à des secteurs comme le tourisme ou le mécénat culturel, fait que c’est plus que jamais “le moment de soutenir des projets culturels”. 

L’Académie du Royaume fait peau neuve

Lors de cette même réunion, le ministre de la Culture a également fait une présentation générale du projet de loi relatif à la réorganisation de l’Académie du Royaume du Maroc. Déposé au Parlement le 5 octobre, ce texte “définit et élargit les prérogatives de l’institution qui intégrera notamment la réalisation et l’encouragement de la recherche scientifique”, a-t-il expliqué.

L’Académie du Royaume s’attellera à la définition de la notion de patrimoine intellectuel et culturel marocain, à la promotion de la création sous différentes formes, mais aussi à la traduction d’ouvrages de référence, à l’organisation de conférences et à la création de chaires scientifiques spécialisées.

L’institution sera également chargée d’esquisser des recommandations aux autorités publiques et de mettre en place des partenariats scientifiques avec des institutions marocaines et internationales.