Arrivé le visage barré d’un masque sanitaire aux couleurs du drapeau américain, Mike Pompeo s’est entretenu à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. “Je suis très optimiste de voir d’autres pays arabes se rallier à cette opportunité de reconnaître l’État d’Israël et de travailler avec lui”, a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d’un point de presse après cet entretien.
Depuis l’annonce, le 13 août, de l’accord de normalisation entre les Émirats et Israël, les spéculations vont bon train sur les candidats possibles à une normalisation avec l’État hébreu.
Cinq jours pour convaincre
Le secrétaire d’État n’a pas établi une liste de pays candidats à une normalisation avec Israël, mais doit se rendre au Soudan et à Bahreïn, en plus des Émirats, au cours de cette tournée de cinq jours au Moyen-Orient. Au côté de Mike Pompeo, Benjamin Netanyahu a évoqué “une nouvelle ère” où “d’autres pays” de la région pourraient suivre les traces des Émirats. “Nous avons discuté de cela et j’espère qu’il y aura du nouveau dans un futur rapproché”, a-t-il dit.
Le plan Trump pour le Moyen-Orient annoncé en janvier prévoit une coopération entre Israël et des pays arabes hostiles à l’Iran, ennemi de l’État hébreu et des États-Unis, ainsi que l’annexion de pans de la Cisjordanie par l’État hébreu. Or les Émirats assurent que l’accord avec Israël prévoit de “mettre fin à toute annexion supplémentaire” en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, alors que M. Netanyahu a évoqué un simple “report”.
Les Palestiniens considèrent l’accord Israël/Émirats comme un “coup de poignard dans le dos” et tentent de mobiliser des puissances étrangères pour y faire obstacle. Le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab est attendu ce lundi 24 août au soir en Israël pour des entretiens mardi à Jérusalem avec Benjamin Netanyahu, puis à Ramallah avec le président palestinien Mahmoud Abbas. “Nous allons demander au ministre britannique de bâtir un pont entre nous et les Palestiniens afin de les ramener à la table des négociations”, a indiqué Anna Azari, une diplomate israélienne lors d’un briefing avec des journalistes.
Un “coup de poignard dans le dos”
À Ramallah, des sources diplomatiques palestiniennes ont demandé au Royaume-Uni de convaincre Israël à mettre fin “définitivement” à son projet d’annexion comme l’une des conditions préalables à d’éventuels pourparlers de paix. Au pouvoir à Gaza, autre territoire palestinien, le mouvement islamiste Hamas a appelé les leaders régionaux à “briser le silence” et faire pression sur Israël pour “mettre fin” à son blocus sur cette enclave.
La normalisation “permettra de changer la trajectoire de la région, d’un passé d’hostilités et de conflits à un autre d’espoir, de paix et de prospérité”, a plaidé l’ambassadeur des Émirats à Washington, Youssef al-Otaïba, en référence à l’accord avec Israël, tout en prévenant que des “difficultés” pourraient survenir.
À ce titre, un sujet reste particulièrement sensible pour Israël : la vente possible par les États-Unis d’avions de combat F-35 aux Émirats. Ces derniers disposent d’une soixantaine de Mirage 2000, un avion de combat polyvalent, mais selon le New York Times, l’administration Trump a “accéléré” son offensive pour vendre des F-35 de nouvelle génération aux Émirats.
Historiquement, Israël s’oppose à la vente de F-35 aux autres pays du Moyen-Orient, y compris à la Jordanie et à l’Égypte — pays avec lesquels il a signé des accords de paix —, car il veut maintenir sa supériorité technologique dans la région. Benjamin Netanyahu a rappelé lundi que l’accord avec les Émirats n’incluait pas de clause concernant le F-35 tout en affirmant avoir reçu “des garanties” des États-Unis que “l’avance” militaire de son pays serait maintenue.
“Nous allons continuer de maintenir cette avance militaire qualitative (à Israël)”, mais “nous voulons pouvoir aussi fournir (aux Émirats) l’équipement dont ils ont besoin pour protéger leur population de la même menace que constitue la République islamique d’Iran”, a dit Mike Pompeo.