Houcine El Ouardi : “Le budget du ministère de la Santé au Maroc équivaut à celui alloué au CHU de Marseille”

Dans une rencontre virtuelle organisée par la Jeunesse socialiste, le médecin et ancien ministre de la Santé encarté au PPS Houcine El Ouardi présente sa vision du système de santé marocain et les principales leçons à tirer de la pandémie de coronavirus.

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La visioconférénce a été diffusée sur la page Facebook de la Jeunesse socialiste : JS Maroc officiel.

C’est un rare exercice auquel s’est livré Houcine El Ouardi. Le 4 mai, l’ancien ministre de la Santé s’est prêté au jeu des questions-réponses le temps d’une rencontre virtuelle organisée par la jeunesse PPS. L’occasion pour celui qui est actuellement chef des urgences au CHU Ibn Roch de Casablanca de livrer sa vision du système de santé marocain et des principaux enseignements à tirer de la pandémie.

Éloge de la solidarité

En ouverture de son intervention, l’ancien ministre de la Santé a d’abord tenu à saluer l’esprit de solidarité animant le secteur de la santé en ces temps de crise. À titre d’exemple, Houcine El Ouardi mentionne l’aide apportée par les médecins privés au sein des “blocs opératoires”, mais aussi à travers la mise à disposition de cliniques privées pour accueillir les patients atteints de coronavirus et d’autres pathologies.

L’ancien ministre en a également profité pour souligner l’importance du secteur de la santé. “Beaucoup de gens découvrent que la santé est un secteur productif. Quand j’étais au ministère de la Santé, je le répétais très souvent, mais personne n’y prêtait réellement attention”, a déclaré le ministre, affirmant que c’est grâce à l’appui des professionnels de la santé que ce secteur productif est encore actif.

Budget insuffisant

L’ancien ministre estime néanmoins que le secteur doit être soutenu. Un soutien qui passe par une augmentation du budget alloué à son ancien département : “C’est une revendication que j’ai défendue par le passé, comme plusieurs personnes qui m’ont précédé. Actuellement, nous sommes confrontés aux limites qu’ont défini les marchandages faits avec ce secteur dans le passé.

“Nous avons actuellement besoin de recruter en urgence 22.000 personnes”

Houcine El Ouardi

Pour illustrer son propos, le ministre cite l’exemple du budget alloué au ministère de la Santé dans le cadre de la Loi de finances 2019 : “Le budget était de 16,3 milliards de dirhams, soit 6,55 % du budget de l’État. Un chiffre en deçà des recommandations de l’OMS qui préconise un budget pour le secteur de la santé représentant entre 12 et 15 % du budget général.

Pour Houcine El Ouardi, un tel manque de moyens ne permet pas de résoudre les problématiques inhérentes au secteur. “Le budget du ministère de la Santé au Maroc équivaut à celui alloué au CHU de Marseille en France. Le CHU d’une ville en France équivaut à un ministère au Maroc”, dénonce l’ancien ministre.

Recrutements massifs

Si le secteur de la santé souffre, c’est aussi en raison d’un problème de gestion des ressources humaines. “Nous avons actuellement besoin de recruter en urgence 22.000 personnes réparties entre 12.000 infirmiers et techniciens et 10.000 médecins”, estime l’ancien ministre. Et de noter que les campagnes de recrutement menées ces deux dernières années n’ont pas été suffisantes pour contrebalancer des milliers de départ à la retraite.

Pour Houcine El Ouardi, seules “des mesures audacieuses et concrètes en faveur de la justice et de l’équité au niveau de l’offre et de l’accès aux soins” permettront d’améliorer le secteur de la santé et de mettre en œuvre l’article 31 de la Constitution, en vertu duquel l’État doit permettre aux citoyens de jouir du droit d’accès aux soins de santé.