Ce qu’il faut savoir sur l’épidémie aux portes du Maroc

Depuis décembre 2019, le coronavirus s’est répandu dans de nombreux pays. On dénombre plus de 80.000 personnes contaminées et plus de 2.600 décès à travers le monde. Que sait-on sur la virulence du virus après la contagion italienne et quels sont les risques pour le Maroc ?

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Une femme devant une clinique à Barcelone, le 25 février. Crédit: AFP

Depuis une semaine, l’Italie, aux portes du Maroc, est devenue le pays européen le plus touché par le coronavirus (Covid-19). En quatre jours, les cas de contaminations sont passés de 6 à 229, le nombre de décès s’élève désormais à 7, répartis dans le nord du pays (Vénétie et Lombardie).

À l’heure où l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté sur un éventuel risque de pandémie, que sait-on sur cette pathologie et les risques encourus ? TelQuel a posé la question à Kamal Marhoum El Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca.

TelQuel : Avec désormais près de deux mois et demi de recul sur cette maladie, avons-nous une idée plus précise sur la nature du virus ?

Kamal Marhoum El Filali : Désormais, il y a beaucoup plus de personnes touchées par l’infection. Un fait qui nous permet d’analyser des statistiques beaucoup plus fournies qu’il y a plusieurs semaines. Ce que l’on peut dire, statistiquement, c’est que près de 80 % des personnes touchées développent des réactions modérées à la maladie, à savoir rien de grave.

Pour les 20 % restants, on peut parler de formes plus sévères, c’est-à-dire nécessitant une prise en charge plus étroite, pouvant aller éventuellement jusqu’à la réanimation.

Sommes-nous également vulnérables face au virus ?

On sait que la grande majorité des personnes décédées avaient des comorbidités (maladies déjà présentes fragilisant l’organisme, ndlr). Cela peut être des pathologies déjà existantes comme un problème cardiaque, respiratoire ou un traitement sous-jacent, comme la chimiothérapie contre le cancer, par exemple.

“La plupart des décès concernent des personnes qui ont plus de 70 ou 80 ans”

Le virus vient tout déséquilibrer et peut causer une surmortalité sur ces cas. La plupart des décès concernent des personnes qui ont plus de 70 ou 80 ans. Les décès sont bien moindres sur les âges plus précoces, les statistiques le démontrent bien.

Ces tendances se sont bien confirmées sur un nombre de cas représentatifs, car il faut rappeler que l’on a désormais franchi la barre des 80.000 personnes contaminés dans le monde.

Au vu de ce nombre, sommes-nous sur une propagation importante ?

C’est très élevé, indéniablement. Lors des différentes menaces sanitaires qui se sont dressées devant nous, Ebola, H1N1, le SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) en 2003, et le MERS (coronavirus du Moyen-Orient, ndlr), nous n’avions jamais atteint de tels chiffres.

“C’est tout de même inquiétant, surtout dans un contexte européen où il n’y a pas de frontières”

Ce qui est actuellement plus inquiétant, c’est que le foyer chinois n’est plus le seul. Il y a d’autres régions où l’épidémie commence, comme en Iran où le nombre de cas augmente, mais nous n’avons que peu d’informations sur ce qui se passe réellement, ou en Italie, où ils sont passés de 1 à 230 cas en l’espace de quatre jours.

C’est tout de même inquiétant, surtout dans un contexte européen où il n’y a pas de frontières. C’est une difficulté pour filtrer les gens. Qui plus est, l’Italie est un pays où la communauté marocaine est importante et peut rentrer facilement au Maroc par voie maritime, aérienne ou routière.

Sommes-nous sur des taux de mortalité supérieurs à celui du SRAS de 2003 ?

Il semblerait que le taux de mortalité soit inférieur à celui du SRAS, mais j’insiste sur le “il semblerait”. Pour le moment, il faut avoir plus de recul pour le dire avec certitude. Les chiffres avancés parlent de 2 à 3 % de mortalité.

En termes de virulence et de contagiosité, les premières études avaient annoncé un chiffre de 2, c’est-à-dire qu’une personne porteuse du coronavirus pourrait contaminer deux autres personnes saines. D’autres écrits parlent désormais de 4.

“Durant les premières semaines, le taux était très élevé car les gens n’allaient pas consulter directement”

À titre de comparaison, pour la rougeole, une personne peut transmettre la maladie à 12 à 18 personnes, donc il ne faut pas être très alarmiste. Les écrits et les études démontrent qu’il faut un contact à moins d’un mètre sans protection pour qu’il y ait possiblement contamination.

Concernant le taux de mortalité lié au coronavirus, il a diminué également, et ce, grâce à la prévention et la connaissance du virus. Durant les premières semaines, le taux était très élevé car les gens n’allaient pas consulter directement. Désormais, comme les gens sont plus informés et sensibilisés, ce taux a chuté.

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