La France espère que les États-Unis seront “suffisamment lucides” et maintiendront leur “soutien logistique” dans la lutte antiterroriste au Sahel aux côtés de la force française Barkhane. C’est ce qu’a déclaré, ce 27 janvier, le ministre français des Affaires étrangères. “Les États-Unis s’interrogent sur le soutien logistique qu’ils apportent et sur la durabilité de ce soutien”, a souligné Jean-Yves Le Drian lors de ses vœux à la presse.
Le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a récemment prévenu que les États-Unis entendaient réduire leur présence en Afrique. “Nous espérons qu’ils prendront conscience que l’enjeu du terrorisme se passe aussi là, et qu’ils seront suffisamment lucides pour garder ce partenariat”, a ajouté le ministre français, souhaitant que la “mission de (la ministre des Armées) Florence Parly puisse aboutir à de bons résultats”.
45 millions de dollars par an
Florence Parly va tenter, ce 27 janvier à Washington, de convaincre le Pentagone de ne pas retirer ses moyens militaires au Sahel, précieux soutien des troupes françaises aujourd’hui sous pression pour obtenir des résultats dans la lutte antijihadiste.
Un retrait américain d’Afrique de l’Ouest constituerait un coup dur pour les 4500 soldats français de l’opération Barkhane déployés au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Washington fournit en effet à Barkhane des capacités de renseignement et de surveillance, notamment grâce à ses drones, du ravitaillement en vol et du transport logistique, pour un coût de 45 millions de dollars par an.
“On espère que dans cette affaire le bon sens et l’appréciation globale de la crise seront au rendez-vous”, a martelé le chef de la diplomatie française. Au Sahel, “la menace, les risques ont changé d’échelle”, a-t-il souligné en référence aux actions des groupes armés terroristes dans la région.
“Ce qui est en jeu, c’est un espace beaucoup plus grand (…), c’est une dynamique destructrice qui s’attaque désormais aux États, qui vise à déstabiliser les États, avec aussi une logique qui peut amener des métastases de ces menaces jusqu’à la région du lac Tchad, ou qui peut faire le lien régulièrement avec la Libye”, a estimé Jean-Yves Le Drian.
Un retrait militaire américain en Afrique “serait une mauvaise nouvelle pour nous”, avait admis le président français Emmanuel Macron, lors d’un sommet à Pau (sud-ouest de la France) le 13 janvier avec les chefs d’État du Sahel, qui ont eux-mêmes pressé Washington de maintenir ses opérations.