Le couperet est tombé dans l’affaire de falsification de passeports marocains au profit de citoyens israéliens.
La Chambre criminelle de première instance près la Cour d’appel de Casablanca a condamné les principaux accusés à des peines allant de six mois à six ans de prison ferme. Un jugement rendu le 26 décembre au soir, dans cette affaire où 28 personnes étaient sur le banc des accusés, dont sept Israéliens et six membres des forces de police.
Six ans pour les têtes du réseau
Le procès s’est ouvert le jeudi 10 octobre. Les trois principaux accusés ont ainsi écopé de six ans de prison pour leur implication dans l’affaire. En tête de liste, Mimoun P., considéré comme le cerveau du réseau et qui utilisait des certificats d’habitation pour demander la naturalisation de citoyens d’Israël, chose qu’il n’a cessé de réfuter lors des précédentes audiences.
Les deux autres personnes à avoir été condamnées à six ans de prison sont deux femmes marocaines : Ihssane J., compagne de Mimoun P., et Amina B., présentée comme la personne experte sur ces questions de naturalisation. 600 documents et 67 dossiers relatifs aux naturalisations avaient été retrouvés chez elle, d’après la version arabophone d’Hespress.
Le verdict a provoqué une grande stupeur dans la salle d’audience, notamment de la part des proches des accusés. Des peines de quatre ans de prison ont aussi été rendues à trois autres personnes, dont un chauffeur marocain nommé Reda B. et un autre, marocain de confession juive, qui détenait trois cartes nationales et deux passeports à son nom.
Cher passeport
Les chefs d’accusation portés aux 28 personnes jugées dans le cadre de cette affaire sont notamment la “constitution d’un gang criminel”, la “participation à la falsification de documents et d’enregistrement officiels”, “faux et usage de faux” et “corruption”. Des charges que les accusés de ce réseau de fraude niaient le matin même.
Le Parquet avait estimé que l’ensemble des éléments à charge contre tous les accusés était suffisant pour établir l’acquisition illégale de papiers d’identité. Un trafic organisé, démantelé par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) en mars 2019, avec l’arrestation de dix personnes suspectées alors d’y appartenir.
Le réseau opérait au profit de citoyens israéliens n’ayant aucune origine marocaine, pour leur conférer des papiers d’identité du royaume en contrepartie de sommes d’argent allant de 50 000 à 70 000 dirhams. Le Code civil autorise de plein droit tous les Israéliens d’origine marocaine à accéder à la citoyenneté, sous réserve de présenter les actes de naissance authentiques de leurs parents au Maroc.
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