Campagne noire pour les céréales. Le ministère de l’Agriculture a annoncé une baisse de 50 % de la production céréalière par rapport à la campagne précédente, “année exceptionnelle” aussi bien en termes de rendement que de pluviométrie, précise le communiqué. “La production définitive des trois céréales principales est estimée à 52 millions de quintaux soit une baisse de 30 % en comparaison avec une année moyenne” de Plan Maroc Vert (75 millions de quintaux), selon la même source.
Beaucoup d’hectares, peu de rendement
Le résultat d’une longue période de sécheresse. Fin mai, la pluviométrie, de 290,5 mm, était de 11 % inférieure à la moyenne de 30 ans (326,3 mm), selon le communiqué. La pluviométrie de cette campagne s’est également caractérisée par une mauvaise répartition temporelle, indique le document, ajoutant que près des trois-quarts des précipitations ont eu lieu durant les trois mois de démarrage, avec de fortes précipitations jusqu’au mois de janvier.
Une étude récemment publiée par le Département des études et des prévisions financières (DEPF), organe statistique lié au ministère de l’Économie, avait pointé la filière céréalière comme un “facteur de vulnérabilité de la production agricole” et avait recommandé au ministère de l’Agriculture “d’accélérer la réforme de cette filière à travers la reconversion des céréales dans les zones défavorables vers des productions plus résilientes à la sécheresse”. Si la culture céréalière occupe environ 60 % de la surface agricole utile du Maroc, la filière ne représente que 15 % de la valeur ajoutée agricole (VAA) sur la période 2008-2018.
Une VAA stable ?
L’agriculture reste le premier contributeur au Produit intérieur brut (14 %), devant le tourisme et l’industrie et, du fait de ce résultat annuel, des projections officielles ont déjà anticipé un ralentissement de la croissance à 2,7 % en 2019, contre 3 % en 2018 et 4 % en 2017. Dans son rapport annuel, Bank al-Maghrib s’est inquiétée fin juillet du fait que “la croissance globale reste rythmée par l’alternance de bonnes et mauvaises campagnes agricoles” en pointant “l’atonie des activités non agricoles depuis 2013”.
Le communiqué du ministère de l’Agriculture précise que la “bonne performance de production des autres filières, notamment les agrumes, les olives et les cultures industrielles” devrait “permettre de compenser”, avec au final une valeur ajoutée agricole (VAA) de 120 milliards de dirhams. À noter que le Plan Maroc Vert prévoyait en 2008 de hisser la VAA du pays de 78 à 140 milliards de dirhams à l’horizon 2020.