Jared Kushner de retour à Rabat pour son “deal du siècle” ?

Actuellement en visite en Israël, où il devrait rencontrer Benyamin Netanyahou, Jared Kushner se prépare à un nouveau périple au Moyen-Orient pour mettre fin aux réticences sur son “Great Deal” pour la Palestine. Un voyage qui devrait comprendre une escale à Rabat, d'après le média américain Vanity Fair, sans que la diplomatie marocaine confirme pour l'instant.

Par

Le roi Mohammed VI offre un iftar en l'honneur de M. Jared Kushner, Conseiller principal du Président américain Crédit: MAP

Une nouvelle tournée pour convaincre. Le gendre et conseiller du président américain Donald Trump entame une série de visites au Moyen-Orient pour tenter, une nouvelle fois, de vendre son “Great deal”, le volet économique de son plan visant à résoudre le conflit israélo-palestinien. Débutée le 31 juillet à Amman en Jordanie, et poursuivie ce jeudi 1er août en Israël, cette nouvelle tournée intervient environ un mois après la tenue du controversé sommet de Manama, à Bahreïn.

“[Jared] Kushner retournera dans la région à la fin du mois de juillet pour des discussions afin de prolonger l’élan de la conférence de Bahreïn à propos du volet économique”, avait confié un responsable américain, sous couvert d’anonymat, après la conférence de Manama. Après la Jordanie et Israël, le mari d’Ivanka Trump et son staff devraient faire escale en Arabie saoudite, en Égypte et enfin au Maroc, d’après Vanity Fair.

Le Maroc, dans le giron de l’administration américaine

Contacté par TelQuel, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI) n’a, pour l’heure, pas confirmé cette dernière information.

Il s’agirait d’un second passage, après une première visite les 28 et 29 mai. Jared Kushner avait alors rencontré Mohammed VI, autour d’un ftour. L’objectif était d’inciter le Maroc à écouter le plan proposé par l’administration américaine sur l’épineuse question du conflit israélo-palestinien, et présenté comme le “deal du siècle”. Une visite dans le Royaume qui avait également permis à Kushner de visiter le cimetière juif de Casablanca, aux côtés du rabbin Pinto.

Le Maroc figurait sur la liste de pays arabes indécis et “dont le soutien serait vraiment utile” pour les États-Unis, d’après Jonathan Schanzer, vice-président directeur de la Fondation pour la défense des démocraties, à CNN. D’autant que Mohammed VI est président du comité d‘Al-Qods. Néanmoins, les Marocains n’auraient pas laissé à Jared Kushner le loisir de présenter son plan à Rabat.

Malgré les milliers de personnes ayant défilé à Rabat, pour condamner “le deal de la trahison”, le Maroc avait tout de même dépêché un représentant à Manama, en la personne de Fouzi Lekjâa, directeur du Budget au ministère des Finances et président de la Fédération royale marocaine de football. Une représentation secondaire, confirmée seulement à la veille du sommet des 25 et 26 juin.

Participation à minima à Bahreïn et sentiment mitigé

Annoncée en grande pompe et présentée devant un parterre d’investisseurs, et donc d’éventuels donateurs du Golfe et d’Europe, l’idée du plan Kushner est d’abord économique. Une nouvelle réflexion qui vise à investir cinquante milliards de dollars en Palestine sur dix ans, afin de lancer une nouvelle dynamique structurelle, créer de l’emploi, des infrastructures et favoriser le tourisme. Au total, quelque 179 projets sont envisagés, dont celui du fameux projet de corridor routier entre la Cisjordanie et Gaza, vieille chimère longtemps brandie par différents responsables américains au cours des dernières décennies.

Reste que le “workshop” (atelier de travail) bahreïni a laissé un sentiment mitigé, notamment auprès des pays arabes. Une participation à minima, avec des représentations de second rang de la part des pays présents. Un sommet surtout boycotté par les principaux intéressés, les Palestiniens, de peur de voir Donald Trump tenter de les “acheter” par des promesses d’investissement.

à lire aussi

Lors de sa récente rencontre avec le gendre de Donald Trump, le roi Abdallah II de Jordanie avait souligné “la nécessité d’instaurer une paix juste et durable” afin “d’assurer la création d’un État palestinien indépendant sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale et vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël”. Une solution “à deux États” conformément à la position largement partagée dans la région et formulée à Beyrouth, lors d’un sommet de la Ligue des États arabes, le 28 mars 2002 et, depuis, restée sans suite.