Pedro Sanchez sur le point d'échouer à se faire reconduire au pouvoir

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez se préparait jeudi à se voir refuser pour la deuxième fois la confiance des députés pour rester au pouvoir, faute d'être parvenu à s'entendre avec la gauche radicale pour former un gouvernement de coalition.

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Si, quelques minutes avant 
le vote au parlement, Pedro Sanchez fait référence au Maroc, c’est que la task force a pris soin de “mobiliser son speech writer”. Crédit: FREDERICK FLORIN / AFP

A moins de deux heures du vote, les socialistes et Podemos, une coalition de forces de gauche, se rejetaient jeudi dans les médias la responsabilité de leur échec, tout en continuant de faire fuiter des propositions.

Podemos a transmis à la presse une nouvelle “dernière offre” aux socialistes, réclamant une vice-présidence et trois ministères -et non plus cinq- dans le cabinet, presque immédiatement rejetée par le parti de Pedro Sanchez qui n’y a vu “rien de nouveau”.

Le dangereux scénario du “no-deal”

Vainqueur des législatives d’avril dernier avec seulement 123 sièges sur 350, le Premier ministre sortant a absolument besoin d’alliances pour rester au pouvoir. La chambre lui a refusé la confiance au premier tour mardi où il avait besoin d’une majorité absolue. Pour être investi, il lui suffirait cette fois-ci de recueillir plus de oui que de non au parlement. Mais il lui faut pour cela arracher à Podemos un accord qui semblait impossible à moins d’un retournement de dernière minute.

S’il y parvenait, l’Espagne aurait son premier gouvernement de coalition depuis qu’a éclaté la guerre civile en 1936. En cas d’échec, Pedro Sanchez aurait jusqu’au 23 septembre pour retenter sa chance, faute de quoi les Espagnols devraient retourner aux urnes en novembre, pour les quatrièmes législatives en quatre ans.

La négociatrice socialiste, la vice-présidente du gouvernement Carmen Calvo, a cependant prévenu qu’après le vote de jeudi Pedro Sanchez ne serait plus candidat à former un gouvernement. A mesure que s’approchait le vote, la pression montait sur les deux partis. Des indépendantistes catalans et basques ont annoncé qu’ils s’abstiendraient pour que socialistes et gauche radicale aient la majorité à eux deux.

Le député séparatiste Gabriel Rufian, du parti ERC (Gauche républicaine de Catalogne), a paru jouer les médiateurs. Un échec des tractations “signifierait la mort politique de M. Iglesias et M. Sanchez”, et la droite et l’extrême droite “prendraient le dessus” en cas de nouvelles élections, a-t-il prédit.

Et septembre “n’est pas une période faste pour faire de la politique”, a-t-il averti. “On sera alors tout près” du verdict du procès de 12 leaders séparatistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne, a-t-il rappelé. Leur condamnation attendue risque de remobiliser les séparatistes qui organisent déjà tous les ans une manifestation massive pour la journée de la Catalogne, le 11 septembre.

Âpres négociations à venir

Qu’ils nous fassent le plaisir de cesser de se menacer, de s’envoyer des ultimatums, de faire fuiter des négociations, de tweeter”, a lancé Rufian, jusqu’ici connu pour ses diatribes enflammées. Mais les protagonistes des discussions ont continué d’échanger reproches et exigences sur les plateaux de télévision.

Podemos voulait gérer plus de la moitié du budget… Ils nous ont demandé littéralement le gouvernement”, c’est une position “absolument irréaliste de leur part”, a déclaré Carmen Calvo. “Négocier le gouvernement de l’Espagne ne peut pas être une série à suspense”, a-t-elle lancé.

Nous n’allons pas entrer au gouvernement à tout prix”, martelait le négociateur d’Unidas Podemos, Pablo Echenique, reprochant aux socialistes de leur proposer “un rôle de figuration”.

Les socialistes “ne nous ont jamais fait une proposition qui permettrait de faire la politique que nous proposons: augmenter le salaire minimum, mettre fin au travail précaire, baisser le prix de l’électricité, combattre le changement climatique”, a assuré Podemos.

Le chef de Podemos, Pablo Iglesias, a déjà dû renoncer à siéger au gouvernement à la demande de Pedro Sanchez. La gauche radicale, qui compte 42 députés, rappelle amèrement qu’elle a déjà dû renoncer aux ministères régaliens: Intérieur, Justice, Défense, Affaires étrangères et Finances.