La crise des étudiants médecins s’accélère. “Le gouvernement suit avec grand intérêt ce dossier et approuve l’ensemble des mesures et initiatives prises par le ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Formation des cadres, et le ministère de la Santé, pour trouver une solution à la situation que connaissent les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire au niveau national, en répondant favorablement aux revendications légitimes et raisonnables” des étudiants de ces facultés, déclare un communiqué du gouvernement lu par son porte-parole Mustapha Khalfi à l’issue du Conseil de gouvernement du 13 juin.
Les examens prévus dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire resteront ouverts jusqu’au 25 juin devant tous les étudiants conformément au planning déjà annoncé à ce sujet, a indiqué le porte-parole. L’Exécutif affirme “sa détermination à respecter le principe de l’égalité des chances entre tous les étudiants et les médecins marocains, sans aucune discrimination”.
Le gouvernement, qui salue toutes les missions de bons offices visant à trouver des solutions à même de surmonter cette situation, assure avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour l’organisation des examens de la session du printemps à partir du lundi 10 juin 2019 selon le planning adopté par les structures universitaires des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire tout comme il a mis en œuvre toutes les mesures susceptibles de garantir le droit de tous les étudiants à passer ces examens dans de bonnes conditions, rapporte l’agence MAP.
Le gouvernement, ajoute le communiqué, insiste que ces examens resteront ouverts devant tous les étudiants jusqu’au 25 juin 2019 selon la programmation annoncée, réitérant sa détermination à mettre en œuvre les dispositions juridiques et procédurales en vigueur dans de telles situations, y compris le redoublement de l’année universitaire ou la révocation pour les étudiants ayant déjà consommé les années de redoublement autorisées.
“Le gouvernement, tout en apportant ces précisions, souligne que d’autres parties, particulièrement ‘Le mouvement Al Adl Wal Ihsane’, ont exploité cette situation pour inciter les étudiants à mener des actions servant un agenda contraire à leurs intérêts”, fait savoir la même source relevant que le gouvernement “n’hésitera pas à prendre les mesures légales en vigueur à l’encontre de quiconque aura tenté de perturber le déroulement normal de ces examens”.
L’Intérieur s’en mêle
Le 10 juin, les étudiants en médecine ont mis à exécution leur menace de boycott des examens universitaires. Selon la coordination nationale des étudiants, le boycott a été suivi à 100 %. Selon le ministre de l’Education Saaid Amzazi, seuls les médecins militaires et des étudiants étrangers se sont présentés au concours.
Ce boycott s’inscrit dans la continuité du mouvement de contestation des étudiants, marqué par une grève entamée le 25 mars. Les deux ministères de tutelle affirment que sur les 16 revendications des étudiants, 14 ont obtenu une suite favorable. Restent donc deux points de discorde. Le premier concerne “la suppression de la 6e année d’études en médecine dentaire jusqu’à ce que les conditions de formation durant cette dernière année soient dévoilées”. Le second est celui de l’accès des étudiants des universités privées au concours du résidanat dans les structures publiques.
Dans la foulée du boycott, le ministère a suspendu trois professeurs de médecine membres du Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la jamaa Al Adl Wal Ihsane, et qui avaient soutenu le boycott de leurs étudiants. En solidarité avec leurs collègues, les facultés de médecine de Casablanca et Marrakech ont décidé de suspendre tout encadrement pédagogique, y compris les soutenances de thèse et la correction des examens.
En brandissant la menace du redoublement et en écartant la possibilité d’une année blanche, le gouvernement espère néanmoins voir le taux de boycott se résorber avant la fin de la session en cours. La persuasion étatique serait aussi passée par les parents d’élèves, via des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Selon plusieurs sources médiatiques, corroborées par des témoignages d’étudiants et de parents d’étudiants recueillis par TelQuel à Rabat et à Fès, des parents d’étudiants médecins ont reçu la visite de moqadem, ont été interrogés sur l’éventuelle politisation de leurs enfants et invité à les convaincre de reprendre le chemin des salles d’examens.
Avec MAP