Des juges d’instruction financiers parisiens ont mis en examen le premier pour “corruption active” le 28 mars, a indiqué mardi à l’AFP une source judiciaire.
Le second, jusqu’ici placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté, a quant à lui été mis en examen pour “corruption passive” la veille, a ajouté une source proche du dossier, confirmant des informations du Monde.
Yousef Al-Obaidly, qui est également président de la chaîne sportive BeIn Sports France, est un proche du patron du Paris SG, Nasser Al-Khelaïfi. Ce dernier avait été placé en mars sous le statut de témoin assisté dans cette information judiciaire, qui vise également les conditions d’attribution des JO de Tokyo-2020 et de Rio-2016.
Dans une réaction transmise à l’AFP, M. Al-Obaidly a “catégoriquement contesté” les soupçons le visant, assurant qu’ils étaient “hautement infondés et sans consistance”.
Les magistrats s’interrogent sur deux versements d’un total de 3,5 millions de dollars, réalisés à l’automne 2011 par la société Oryx Qatar Sports Investment, détenue à égalité par Nasser Al-Khelaïfi et son frère Khalid, au profit d’une société de marketing sportif dirigée par Papa Massata Diack, surnommé dans les médias “PMD” et fils de Lamine Diack, aujourd’hui âgé de 85 ans et président de l’IAAF de 1999 à 2015.
A cette époque, Doha ambitionnait d’accueillir les Mondiaux d’athlétisme de 2017, organisés par l’IAAF, et les JO de 2020.
Les juges d’instruction cherchent à déterminer si en contrepartie de ces versements, Lamine Diack a oeuvré d’une part au report des dates d’organisation de ces deux compétitions, en raison des conditions météo du pays. Et d’autre part, à l’obtention de votes de membres de l’IAAF en faveur du Qatar pour les Mondiaux.
Lui-même puissant consultant marketing de l’IAAF jusqu’en 2014, Papa Massata Diack est au carrefour de plusieurs affaires de corruption.
Dans ce dossier, “PMD” est visé par un mandat d’arrêt depuis le 18 avril pour des soupçons de “corruption passive” et de “blanchiment aggravé”.
Le premier des virements suspects a été réalisé le 13 octobre 2011 et le second le 7 novembre 2011, soit quatre jours avant le vote de l’IAAF. C’est finalement Londres, entré dans la course après la capitale qatarie, qui l’a emporté.
Mais, trois ans plus tard, Doha obtenait toutefois l’organisation des championnats du monde d’athlétisme qui se tiendront cette année du 27 septembre au 6 octobre.
Ces versements étaient prévus dans un protocole d’accord passé avec la société de “PMD”, dans lequel Oryx Qatar Sports Investment s’engageait à acheter des droits de sponsoring et de droits TV pour 32,6 millions de dollars mais à condition que Doha obtienne les Mondiaux 2017, selon une autre source proche du dossier.
Ce contrat stipulait que les paiements effectués avant la décision de l’IAAF du 11 novembre 2011 – donc les deux virements – étaient « non remboursables », ce qui a intrigué les juges.
Oryx Qatar Sports Investment est distinct du fonds souverain qatari Qatar Sports Investment, propriétaire du PSG.
Devant les juges, Nasser Al-Khelaïfi, qui nie tout fait de corruption, a affirmé n’avoir appris l’existence des deux virements que récemment, selon des éléments de son interrogatoire dont a eu connaissance l’AFP.
En Suisse, le patron de la chaîne BeIN Sports est également dans le collimateur d’une enquête pour “corruption privée”, concernant l’attribution des droits de diffusion de deux Coupes du monde de football.
Dans un autre dossier, le parquet national financier réclame un procès en France de Lamine Diack et de son fils, considérés par la justice comme les acteurs clés d’un système de corruption pour couvrir des cas de dopage en Russie.
Réfugié au Sénégal, “PMD” a toujours réfuté les accusations de corruption mais la justice française n’a jamais pu l’entendre.
Au total, si le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke suit ces réquisitions, ils seront six protagonistes sur le banc des prévenus.